Un notable de province, sous la folle impulsion d'un moment, comment un acte irréparable...
Et c'est ainsi, un peu comme pour le personnage de Meursault dans l'Etranger, que son univers qui n'offrait jusqu'ici qu'un train-train balisé et rassurant bascule en une obligation de profonde remise en question de soi, des normes, et des autres.
Très bon film, injustement méconnu, car l'analyse psychologique, à la fois individuelle, et sociale, y est assez subtile.
Comme pour un processus de deuil, les différents paliers de la culpabilité sont très bien décrits. Deuil de toutes les certitudes et du masque social qu'il est toujours douloureux de retirer totalement, pour paraître dans sa nudité, car on ne sait jamais ce qu'on va trouver au-dessous.
Comportement des foules, qui souvent souhaitent se faire justice elles-mêmes, jusqu'au lynchage s'il le faut, mais avec quelles motivations cachées? Le vrai, la justice ou l'ordre social? Trouver un coupable, c'est dormir tranquille.
Pour les foules, ce qui est évident ne fait jamais de doute...
Et ce qui ne fait pas de doute est plus important que la vérité.
L'évidence se substituant au vrai, seul un fou peut la remettre en question, comme il est montré dans le film.
La foule étant cet animal psychologique dont l'objectif le plus sacré est le maintien de son ordre tranquille, celui qui cherche vraiment à faire surgir le vrai, au prix de la paix psychologique et de la bonne conscience des gens, a rarement sa place dans une société humaine. Comme une tumeur maligne, il doit être éliminé pour assurer la survie de l'organisme.
La société humaine, par nature hypocrite, car ce sont les interactions sociales se contentent de l'apparence du bien. Ceux de plus belle apparence, sont alors ceux qui ont eu le plus de raisons de la retravailler.
Elle ne pardonne pas à celui qui n'a pas fait ce travail.
Le regard de l'épouse est assez parlant à ce sujet, tout au long du film.
Le vétérinaire, à propos d'une petite chienne qu'il tient dans ses bras:
Elle n'a fait qu'aimer, c'est ça nature. Seulement, elle est devenue
malade, malpropre. Alors ses maîtres n'en veulent plus, et je suis
charger de la piquer, et ce serait moi l'assassin?
Il faut vous en remettre à la justice des hommes. C'est ainsi que la miséricorde de Dieu pourra agir sur vous.
-Mais puisque je vous jure que c'est un accident.
Dieu le sait...
Le film est adapté d'un roman noir.