Bon. Bon bon bon. Je crois que je vais commencer par emprunter son synopsis à Allociné histoire de me remettre un peu les idées dans l'ordre après la projection d'hier qui méritait vraiment son nom d'expérience.


"Sud-Ouest de la France, hiver 2017 (aaah mais c'est de l'anticipatiooon, ça se passe dans plusieurs mois, c'est pour ça que j'ai eu du mal à suivre, non ?).
Un motard blessé quitte les lieux d’un carnage.
Le mystérieux fugitif trouve refuge chez les Petit, une famille de fermiers qu’il prend en otage. À ses trousses : des barons de la drogue colombiens, le lieutenant colonel Massé du Réaux, et un tueur à gage d’élite, qui sont bien décidés à le neutraliser, par tous les moyens.
L'homme a déclenché une vague de violence dont personne ne sortira indemne…"


Alors effectivement dans ce film il y a des morts, de la drogue, des poursuites en voiture, des filatures, des accidents de moto, et pourtant toute cette action est confuse, bizarrement développée, on ne sait pas trop où l'on veut nous embarquer, il y a un mafieux qui parle comme le Parrain, beaucoup trop de méchants toutes nationalités confondues et qui font tout pour montrer qu'ils sont vraiment très mauvais, teigneux et redoutables. En parallèle de ce méli-mélo dramatique les scènes en huis-clos dans la maison où s'impose Tomer-Sisley-qui-n'a-pas-de-nom, blessé (il a une coupure au genou et son jean est déchiré, il faut lui mettre du Mercurochrome le pansement des héros), pour dire à la femme du couple qu'il séquestre chez eux "Va dans ta cuisine et fais-nous à manger" (bon je suis de mauvaise foi, il dit aussi d'autres trucs mais comme rien ne volait super haut forcément c'est le pire qui est resté), sont extrêmement mal jouées mais dans un registre différent, plus banal en quelque sorte. D'ailleurs le personnage de Tomer Sisley est super irritant, il est monoexpressif absolument tout le temps, il fait le bad boy inquiétant et macho mais avec la possibilité d'un bon fond quand même, perceptible à son regard très pénétré de mec qui se pose des questions sur la vie, l'archétype du dur parce qu'il n'en mène pas large, le personnage plus écorché qu'il n'y paraît et qui se blinde. Mais façon nanar.


Parce qu'en fait c'est ça, beaucoup de moments penchent vers le côté nanar de la force, rien n'est crédible, les dialogues sont aussi caricaturaux que les personnages qui les prononcent, les musiques super narratives sont trop accentuées et semblent prendre les spectateurs pour des andouilles. Au début du film la nana du couple tient un discours qui résume bien toute leur situation compliquée comme cela n'arriverait jamais dans une conversation réelle, façon "Non mais qu'est-ce que tu vas faire, appeler la police ? Tu as bien vu qu'ici les gens ne nous aiment pas et que personne ne fait rien pour nous, c'est déjà ce qui est arrivé quand ces personnes qui nous en veulent ont tué notre bétail, nous sommes abandonnés", bon ok merci, l'on se croirait au théâtre dans un aparté ou une scène du premier acte où toutes les infos essentielles nous sont balancées à la va-vite pour que l'on suive un peu. Il faut le faire ; mais peut-être pas de cette façon.
Ce film au titre super pompeux (enfin si cela se trouve le bouquin est nettement mieux et le porte bien donc c'est une autre histoire) enquille pas mal de clichés, la galerie de personnages est tellement à côté de la plaque que j'ai eu l'impression de pouvoir les faire défiler dans un menu de jeu vidéo pour en choisir un en début de partie, le passage où le méchant asiatique mystérieux (mais aux yeux clairs parce que son père qui a baisé sa pute chinoise de mère qui s'est laissée faire - je n'invente rien, je ne suis pas responsable pour le slutshaming, déso pas déso pour la projection la Journée des Droits de la Femme - était allemand) fait un petit discours sur une légende ancestrale atteint des sommets de ridicule, il y a tellement de clichés sur les origines ethniques et parodiant tous les styles de films, je n'ai pas encore bien assimilé tout ce qui m'était arrivé hier soir.
Dans Le Serpent aux mille coupures, ce film qui se passe à la ferme et où l'on n'a pas vu une seule vache, il y a des vrais paysans péquenauds chasseurs qui se pintent au PMU que l'on nous vend vraiment comme des gros bouseux, dont un qui ressemble un peu à Jacques Villeret dans La Soupe aux choux.


(Et comme c'est le plus tatave de tous c'est lui qui va mourir, comme la blonde avant lui parce que la blonde meurt toujours en premier dans les films d'horreur.)


Ils tiennent des propos racistes tellement grossiers que par moments l'on ne peut que rire nerveusement tant c'est parodique, comme si c'était mal joué pour nous rappeler que ce n'est pas vraiment assumé, donc pas vraiment attaquable, et qu'après tout ce n'est qu'une kermesse tout ça.


Les dialogues multilingues n'aident pas le film à trouver une crédibilité, quand un des membres du cartel a fini sa petite diatribe en français avec gros accent par un "Mucho mas" totalement inutile j'ai cru que j'allais me rouler en boule, puissance dramatique insoutenable.


En fait c'est un téléfilm de genre (mais lequel ???), Kung Fury rencontre Les Cordier juge et flic : l'on passe la majeure partie du film dans une production française de seconde zone pour soir de semaine fatigué, puis par moments tout à trac l'on tombe sur des bouts de scènes super gore, des petites incursions du côté western façon Le Bon, la Brute et le Truand, l'effet est curieux, l'on dirait que tous les acteurs ne jouent pas dans le même film. (Je ne suis même pas sûre qu'ils se soient tous rencontrés d'ailleurs, j'ai vraiment eu l'impression que c'était un film d'assemblage. En soi ce n'est pas grave, mais si cela se voit beaucoup c'est dommage.)
L'on a même droit à des flash back évidents pour reconstituer une scène, et à des bouts de documentaire (peut-être pris sur des sites libres de droits) pour illustrer les propos d'un personnage histoire que l'on ne s'ennuie pas pendant son explication théorique. (En même temps comme il parle en plusieurs langues à la fois avec un accent à couper au couteau - celui du tueur chinois ex-para qui fait des ravioles avec les seins de sa femme - et que cette partie n'est pas sous-titrée c'est plutôt sympa de nous avoir mis un économiseur d'écran.)


Sur la fin cela part en cacahuète et comme dans tout bon western qui se passe à la campagne dans le Sud-Ouest j'imagine l'on ne peut pas échapper à la scène où cela canarde de partout, le tireur d'élite raterait un veau dans un couloir, rien n'a de sens, bref cela va plutôt avec le reste de cette narration éparpillée où je ne suis pas persuadée que tout le monde ait eu le même script.
Même le réalisateur avait une façon super, hmm, personnelle de porter son film : "Je suis cinéphile donc j'aime les tueurs", "Moi quand je vois un pauvre type dans un film je m'identifie", "Les films sont des serpents de mer, on croit qu'ils sont morts, ils renaissent"...


Enfin toujours est-il qu'au milieu de toute cette confusion j'ai quand même bien rigolé. Pardon.

Meowsotis
2
Écrit par

Créée

le 9 mars 2017

Critique lue 2.3K fois

19 j'aime

32 commentaires

Meowsotis

Écrit par

Critique lue 2.3K fois

19
32

D'autres avis sur Le Serpent aux mille coupures

Le Serpent aux mille coupures
-Marc-
4

Les bons et les mauvais méchants

Nous savions déjà qu'il y avait les bons et les mauvais chasseurs (d'ailleurs ici, les mauvais chasseurs tuent le chien), mais nous apprenons (nous nous en doutions déjà un peu) qu'il y a aussi les...

le 12 sept. 2019

13 j'aime

Le Serpent aux mille coupures
xlr8
8

La France a-t-elle quelque chose contre les films de genre ?

Je sors du Cinexperience#58 et je me dis que décidément, je suis une bête curieuse... C'est la première fois que je vois un film de genre lors d'un Cinexperience et les réactions des spectateurs...

Par

le 9 mars 2017

13 j'aime

15

Le Serpent aux mille coupures
RAF43
7

"La mort est dans le pré !"

Un tueur sans pitié sur les traces d'un mystérieux fugitif sous fond de vendetta et de trafics de drogue, voici les grandes lignes du nouveau film d'Eric Valette ("Maléfique", "Une affaire d'état",...

le 14 oct. 2017

6 j'aime

Du même critique

Le Serpent aux mille coupures
Meowsotis
2

"Kung Fury" rencontre "Les Cordier juge et flic"

Bon. Bon bon bon. Je crois que je vais commencer par emprunter son synopsis à Allociné histoire de me remettre un peu les idées dans l'ordre après la projection d'hier qui méritait vraiment son nom...

le 9 mars 2017

19 j'aime

32

Au-delà des murs
Meowsotis
9

Au-delà des poncifs et des sursauts artificiels

(Depuis le temps que je la repousse il va bien falloir que je me décide à franchir le pas de ma première critique... Un, deux, trois, c'est parti !) Quand j'y réfléchis il est rare qu'un film ou...

le 20 oct. 2016

14 j'aime

10

I Love Dick
Meowsotis
3

Une bonne dose de vacuité bobo arty

Attention, je risque de spoiler pas mal dans cette critique, puisqu'il ne se passe pas grand-chose dans les huit épisodes de cette première saison. Outre le titre racoleur de la série, qui...

le 9 sept. 2017

10 j'aime

7