Sacré Mann ! Il quitte la série "Starsky et Hutch" pour lancer sa propre série ; ce pilote de 1h40 n'aura malheureusement pas satisfait les producteurs puisqu'ils auront laissé traîner ce projet dans les tiroirs pendant 14 ans avant de se décider à l'en ressortir ; cette démarche ne se fera pas sans quelques modifications : plutôt que d'avoir un flic qui sait tout et fait tout tout seul, on lui colle une équipe avec chacun sa spécialité mais aussi, pour faire plus moderne et réaliste, une technologie à la pointe : ainsi donc, si l'intuition reste de mise, il faut vraiment attendre que la machine confirme la présence d'une empreinte digitale sur le visage avant que l'inspecteur n'en soit sûr (alors qu'ici, ça semble plus être une formalité qu'autre chose). Ce qui est dommage, c'est d'avoir abandonné le côté diabolique des méchants.


Décevant ce film ; pas parce que je suis fan de M Mann (c'est d'ailleurs le contraire j'accroche très difficilement à ses films à cause des scenarii qui sont souvent mauvais) mais parce que le début est super : j'ai vraiment cru à un chef d'oeuvre mais passé les 20 premières minutes mon enthousiasme n'aura fait que faiblir, d'abord modérément puis dramatiquement. Cela reste correct du début à la fin, mais clairement je m'attendais à bien mieux que ça.


L'intrigue est assez pauvre. Au début, je l'ai trouvée épurée et minimaliste et donc appréciable. Le pouvoir est en plus une entrée dans le fantastique assez sympathique. Sauf que très vite, l'auteur s'en détache, stagne dans son enquête peu palpitante. Cela reste sympathique grâce à l'obsession du personnage principal et parce qu'il y a un jeu de chat et de souris avec Lekter. Mais ce dernier est aussi assez vite mis de côté, au point de se demander s'il était vraiment nécessaire de le garder dans cette intrigue ? Mais le pire reste le moment où on change de point de vue, où on adopte celui du tueur : le conflit interne qu'il vit est intéressant en soi mais de le confronter à cela sitôt qu'on découvre qui il est, c'est trop vite, cela empêche de bien saisir ce qu'il était auparavant : il aurait fallu le suivre dès le début, en parallèle. Aussi, il n'apparaît jamais comme on le redoute. Pire, l'auteur semble lui-même ne pas s'y intéresser puisqu'il ne nous donne jamais l'occasion de le 'rencontrer', de le connaître. ON en reste à de simples interprétations des flics mais le personnage ne prend jamais corps. C'est aussi pour ça que toutes ses scènes ne fonctionnent pas (à moins que ça ne soit l'inverse, le personnage ne prend pas vie à cause de ces scènes qui ne le mettent jamais en valeur). Au final, on en ressort avec l'impression qu'il s'agit d'un film carte postale ; je n'ai rien contre les films où il ne se passe rien, où le réalisateur se contente de créer des ambiances et où le scénario n'est qu'un prétexte pour jouer... mais dans ce cas je pense qu'il faut jouer la carte du minimalisme à fond et éviter les éléments trop narratifs comme ce retournement de situation.


Mais bon, visuellement, y a de bonnes choses. Y a des parties beaucoup moins inspirées, des plans qui font même penser à du "Starsky et Hutch" (puisque Mann y a fait ses débuts), mais y a aussi des plans magnifiques, avec une ambiance électrique envoûtante. C'est souvent kitsch (je parie qu'il adorait Bon Jovi dans les années 80) mais c'est beau. Les scènes de sexe ne sont pas assez longues (en plus pour une fois qu'elles se justifient dans un film de Mann). Le découpage est bien pensé aussi, ne fut-ce que le premier dialogue, la manière dont il filme ce champ-contrechamp, on sent la volonté de faire les choses autrement : c'est méga-poseur mais ça fonctionne. Les acteurs sont bons aussi. Peut-être que ça manque de couleur dans la palette émotionnelle (trop peu de sourires dans ce film) et il est clair que la faible caractérisation n'aide pas à délivrer une performance unique, mais ça reste bien par rapport à l'univers développé. Niveau musique, les morceaux de rock fonctionnent moins bien contrairement aux morceaux électroniques (qui sont actuellement à la mode).


Bref, ça reste correct à suivre, mais y a une claire chute de rythmé arrivé au bout de la première heure du film.

Fatpooper
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le 12 juin 2017

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Fatpooper

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