Un suspense insoutenable, un film de sous-marin et de science fiction, un 20000 lieues sous les mers atomique. Oui, faible que je suis, j'y ai crû. La chute n'en est que plus rude.

L'oeuvre de Jules Vernes est partout dans cette approche de Irwin Alen, à commencer par la bonne bouille de Peter Lorre qui a troqué sa place de Conseil pour celle de conseiller spécial d'un milliardaire - Amiral Nelson, lolilol - qui a construit son sous-marin top niveau ... étonnant, non ? Autre clin d'oeil du destin intéressant, Peter Lorre a joué dans le premier James Bond, Casino Royal, James Bond transpirant ici dans le thème musical d'ouverture, Voyage to the Bottom of the Sea, qu'on eu dit directement sorti d'un test pour un nouvel épisode de 007. Vernes est aussi dans ce sous-marin aux belles formes, bijou de technologie, hôtel aux fenêtres ouvertures sur le monde du silence qui lorgne clairement du côté du Nautilus. Oui mais voilà, entre Alen et Vernes, il y a un gouffre abyssal.

Par faiblesse, je vais passer sur les effets spéciaux. Un sous-marin filmé dans une baignoire, qui a droit à un plan fixe, c'est déjà ridicule pour qui aura vu le 20000 lieues sous les mers de Fleischer ou le Run silent, run deep de Robert Wise, deux films plus anciens dont les effets spéciaux explosent ceux de ce petit nanar. J'ai beau aimer l'aspect charmant et désuet des années 60, arrive un moment où il est difficile de tout passer, surtout lorsque la forme faiblarde devient le principal atout d'un fond pathétique.

Le pire, donc, renvoie à l'indigence généralisé du scénario, aux incohérences grotesques, aux dialogues lénifiants. La scène d'intro, spectaculaire, voit un sous-marin sortir de l'eau à 45° ; quelques instant plus tard, dans une scène bien longue de visite de ce bijou, nous nous retrouvons devant une piscine avec un requin ... alors ainsi l'eau de la piscine n'a pas débordé lorsque le sous-marin était à 45° ? Pencher un verre d'eau et l'eau ne coule pas ? On m'aurait menti ? Allez, passons, c'est un simple détail. Oui, mais non, cette incohérence douche les espoirs, torpillés par une suite catastrophique.

Un anneau de feu brûle autour de la Terre et voici notre belle planète portée à une température moyenne de 135°F, soit presque 60°c. Bien entendu, ça va mal. Le monde agonise mais Nelson, qui est un vrai génie, a la solution : balancer un missile nucléaire pour régler le sort à cette saloperie d'anneau de feu. Visite à l'ONU, ces couillons ne sont pas d'accord ; tant pis, Nelson se barre. Lui, il sait, foutre de Neptune !

Une petite séquence de mines, un calamar en plastique tout pourri qui fait de celui du 20000 lieues de Fleischer le plus grand monstre marin de l'histoire du cinéma, une mutinerie à deux balles, une course poursuite avec un sous-marin américain (dans ce monde de 1961, il n'y a pas de guerre froide, pas d'URSS, juste une Russie qui crâme) dont le commandant a oublié qu'il pouvait exploser s'il allait trop profond, des torpilles qu'on évite d'une simple "barre à babord !" .... lentement mais sûrement, le nanar se transforme en épreuve. Avec lui, rivé à la barre d'un canapé renommé Titanic, je coule.

Alors pourquoi 3 ? Parce que, mine de rien, ce savoureux mélange de 20000 lieues sous les mers, Blake et Mortimer préquel improbable d'Abyss peut plaire. Oui, le petit garçon de 8 ans peut s'amuser de cette aventure improbable, à la fin toute ridicule. Tiens, une cohérence, ce nanar est pourri du début à la fin ! Je vais conclure sur cette bonne note.
Aqualudo
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le 21 févr. 2015

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