En 1991 Wes Craven nous propose People Under The Stairs un bien curieux film hybride qui mélange de nombreux genres pour offrir au final une satire sociale en forme de conte pour adultes avertis. Inspiré par un fait divers (comme pour plusieurs de ses films) Wes Craven signe avec Le Sous sol de la Peur un étrange feel good movie capable d'alterner des scènes horrifiques très noires et un humour cartoonesque et bon enfant, le tout avec du fond et de la forme. Il est donc temps d'aller explorer plus en profondeur ce qui se cache dans le sous sol et sous les escaliers.


Le Sous-sol de La Peur c'est l'histoire de Fool un gamin de 13 ans d'un ghetto désœuvré proche d'être expulsé avec sa mère malade et sa sœur enceinte. Le gamin accepte d'aider deux cambrioleurs afin de mettre la main sur l'immense magot que les propriétaires de nombreux immeubles insalubres du quartier (dont le sien) garderaient dans leur immense et sinistre baraque. Sauf que le couple ne garde pas que de l'argent entre ses murs mais également de bien sinistres secrets.


Comme tous les meilleurs films de Wes Craven, Le Sous-sol de la Peur s'appuie avant toutes choses sur un solide scénario avec du fond, avec du sens et avec une vraie histoire divertissante de cinoche. Le film explore à la manière d'un conte de fée cruel une certaine idée du capitalisme avec des ogres créant et exploitant la misère pour pouvoir amasser une fortune dont ils n'ont même plus la conscience ni l'utilité . Poussant cette logique jusqu'à l'horreur ces ogres finissent par nourrir leurs enfants dégénérés qu'ils cachent au sous sol avec les cadavres de leur système sociale corrompu. Le film de Wes Craven solidement posé sur cette idée globale aurait pu être un monstrueux pamphlet sombre, radicale et implacable mais le réalisateur a visiblement préféré choisir une certaine légèreté de ton finalement pas désagréable. Le Sous-sol de la Peur va parfois prendre des allures de Maman J'Ai Raté l'Avion façon adultes et inversé avec les deux propriétaires souhaitant protéger leur maison d'un gamin malicieux qui va leur en mettre plein la tête. Si l'aspect plus comique du film est bel et bien volontaire, il ne se marrie pas toujours très bien avec la noirceur du propos même si il offre un effet montagne russe assez réjouissant entre horreur profonde et légèreté de surface. Même si elle ne me dérange pas outre mesures je n'adhère pas totalement à cette proposition surtout lorsque j'imagine le film qu'aurait pu être Le Sous-sol de la Peur en poussant à fond les curseurs de l'horreur sociale et viscérale.


Le film bénéficie d'un très bon casting avec en premier lieue le couple de maman et papa interprété par l'excellent duo Wendy Robie and Everett McGill que Wes Craven avait adoré dans la série Twin Peaks. Everett McGill est tout bonnement parfait en maître des lieux halluciné beuglant et tirant sur les murs de sa propre maison en combinaison de cuir SM ou grimaçant façon cartoon lorsqu'il se prend une brique sur la tête. Quant à Wendy Robie elle est géniale en cinglée dangereuse tentant de masquer sa folie sous le costume parfois mal ajusté d'une respectable et gentille mère au foyer. Le gamin interprété par Brandon Quintin Adams est plutôt bon, le jeune comédien incarnant avec conviction ce gosse à la fois débrouillard, combatif et intègre porté par un désir idéaliste et innocent de justice sociale. Il faut aussi noter la présence du charismatique Ving Rhames a qui l'on doit une des répliques les plus drôles du film lorsqu'il dit au gosse de 13 ans que c'est le pire des âges "Trop vieux pour téter et trop jeune pour baiser" ....


Le Sous-sol de la Peur est vraiment un bon Wes Craven qui égratigne les travers de la société et permet une nouvelle fois au réalisateur d'explorer ce que les trop lisses apparences cachent comme horreur dans les tréfonds sombres de leurs respectables maisons, une idée qui restera la constante thématique de nombreux de ses films.

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le 20 déc. 2020

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Freddy K

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