Après plusieurs films d’arts martiaux, John Woo réalise Le Syndicat du crime grâce à l’appui de Tsui Hark (Il était une fois en Chine, Hero). Ce polar explosif et déjà légèrement sentimental connaît un énorme succès en Chine. Les studios commandent une suite dont Woo se chargera, avant de laisser Tsui Hark refermer la franchise avec un troisième opus. Woo présente alors The Killer, marquant le début de sa reconnaissance internationale et resté l’un de ses films les mieux cotés.


Le Syndicat du crime est un spectacle franchement divertissant et assez con. Si certains opus suivants s’étalent trop, celui-ci a le mérite d’être concis. Le tempo est extrêmement rapide et une histoire d’amitié relativement convaincante aimante les péripéties sauvages. La perspective de John Woo est pour le moins innocente, nuancée par de nombreuses réflexions de ploucs philosophes. Cela donne des dialogues bourrins mais souvent pertinents, à leur niveau, entre le gag et la confession désarmante.


John Woo met en valeur la camaraderie entre les malfrats et leur foncière bonhomie que des actes de violence extrême ne sauraient cacher. Les adhérents du syndicat sont des arrivistes assez simples, presque enfantins, tout en ayant une vision du monde cynique. Pas fataliste ou pessimiste, pas mesquine, juste cynique. Il ne sont guère sujets à la folie des grandeurs, un peu clinquants au pire, gardant une profonde simplicité en dépit de leur vie marginale de truands, parfois gagnants.


C’est encore très grossier et irréaliste, mais les germes du film ‘intimiste’ et ‘maudit’ de Woo, Une balle dans la tête, sont là. Il ne sera pas moins cheap dans l’esprit et toujours écrit par un fanboy mélancolique de Bernard Tapie, mais en épurant la truelle cette fois. Quand au déploiement de gros moyens matériels, les deux films se valent. Le syndicat du crime a l’avantage du kitsch intégral et positif, flirtant plus ouvertement avec le nanar de luxe et tout ce rococo beauf assaillant l’esprit sitôt qu’on prononce le terme « 80s ».


https://zogarok.wordpress.com/2017/12/17/le-syndicat-du-crime/
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le 17 déc. 2014

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