Le Syndicat du crime II fait parti de ces films frustrants. Ces films dans lesquels ils y'a de merveilleux éléments, des scènes extraordinaires mais en même temps tellement de défauts, tellement de problèmes, qu'on ne peut pas juste "passer l'éponge" et fermer les yeux.
Déjà, il y'a le personnage de Lung et cette affreuse, et cette atroce façon d'avoir inclus son chagrin pathologique dans le film. Rarement j'aurais été autant exaspéré devant un film. Ensuite, il y'a ce côté "déséquilibré" dans le film, "mal dosé" en quelque sorte. Il y'a vraiment une maladresse dans l'usage de la musique ( souvent ridicule ), dans l'écriture, dans la façon de développer l'intrigue qui est toujours confuse, dans la façon de jongler entre les scènes d'action et les scènes plus calmes, sans parler du surjeu ; c'est le bordel. Particulièrement durant le première partie.
L'opus précédent, qui était déjà loin d'être parfait, et qui, lui aussi, avait du mal à faire cohabiter histoire, intrigue et action, restait néanmoins plutôt constant et régulier durant son déroulement, il était plus "équilibré". Dans ce deuxième volet, tout fait brouillon, bâclé, mal assemblé. Un coup le film est trop long, trop étiré, un coup c'est l'inverse et le résultat final est tout simplement désagréable. Il paraît que tout cela s'expliquerait par des problèmes internes dus aux conditions de tournage. c'est fort possible, et je suis le premier à en être attristé, mais ça ne change rien au résultat final.
Et pourtant, au milieu de ce vrai ratage constant, il y'a des passages justes formidables, qu'on aimerait pouvoir extraire du film, pour oublier que, si on veut les revoir, il faut revoir tout le reste. Rarement j'aurais eu à la fois autant envie et autant pas envie du tout de revoir un film. Car effectivement, en ce qui concerne l'action, il y'a du très lourd. La scène dans le couloir à New York, inspirée de Guet-apens , est à couper le souffle, Chow Yun-Fat y est plus classe que jamais et bien que courte par rapport à d'autres fusillades de John Woo, elle est tellement dense et tellement jouissive visuellement qu'elle se classe parmi ses meilleures. Evidemment, il y'a la scène finale dans la maison du Chef, véritable déluge de violence et de style parfaitement chorégraphiée et parfaitement filmée, sans aucun doute à mon avis une des meilleures de John Woo. Et puis il y'a cet aspect galvanisant durant la deuxième partie du film, quand Lung est enfin rétabli. La musique, la vengeance à venir, le style des acteurs, la savoir-faire de Woo pour créer des images qui marquent la rétine et qui iconisent les personnages ; tout ça est vraiment jubilatoire. Pour le coup, comme le film se termine là-dessus, on le finit le sourire aux lèvres, car c'est cette dernière demi-heure qu'on garde à l'esprit quand arrive le générique et on part donc sur une bonne impression. Mais non, rien que de de penser que pour réaccéder à cette fin il faudra revoir Lung baver et hurler comme un con, ça me coupe toute envie de re-visionnage.