Ripley Mania ou ma première claque de ciné

Tom Ripley, jeune homme cultivé mais criminel malgré lui, nourrit toute une thématique littéraire et artistique. Il nait en 1955, sous la plume de Patricia Highsmith, écrivaine américaine. Monsieur Ripley (The talented Mr Ripley, dans sa version originale) est le premier thriller d'une série de 5 romans. Cet ouvrage va inspirer le cinéma novateur de la nouvelle vague en 1960 (Plein Soleil, de René Clement), puis attirer le regard d'Anthony Minghella, réalisateur oscarisé (pour Le patient anglais, 1992) avec Le talentueux Mr Ripley, en 1999.


Tom Ripley, jeune américain, vit à travers les personnes qu'il admire, mais surtout à travers des fraudes, escroqueries et autres activités pas très nettes. Quand on lui demandera son talent, il répond d'ailleurs impunément que c'est de "mentir, imiter des personnalités, et forger des signatures"...
Il se fait alors repérer par un riche et puissant aristocrate New Yorkais, Herbert Greenleaf, lorsqu'il se fait passer pour un étudiant de Princeton (une des huit grandes universités privées du nord-est des États-Unis). Tom est chargé chargé de ramener Dickie, fils de M. Greenleaf, alors que celui ci profite pleinement de la Dolce Vita à Mongibello, village du sud de l'Italie.


Tom est réservé, calme, sérieux et cultivé, tandis que Dickie est intrépide, festif, sans retenue, doté d’une beauté insolente. Tom se met à suivre le jeune couple que Dickie forme avec Marge Sherwood partout, s'immisçant même à quelque reprises, dans leur intimité.
L'amitié entre les deux hommes devient très vite malheureuse car Tom se rend compte avec effroi que Dickie, bien que frivole et enthousiaste pour tout, est un éternel insatisfait et se lasse de tout très vite. L'attention qu'il porte à ses amis n'est en fait qu'éphémère.

N’étant plus le principal centre d’attention au bout de quelque semaines d'amitié, Tom perd tout sang froid lors d’une terrible croisière en bateau à San Remo, et voit une porte s'ouvrir vers une vie qu'il a toujours rêvé d'avoir.
S’en suit alors un cercle vicieux angoissant dans lequel Tom, à travers une spirale d'actes désespérés et impulsifs, tente coute que coute d'éviter tout soupçon, alors que l’étau se resserre peu à peu autour de lui.


Le film est porté par un casting aussi beau que talentueux: Tom Ripley prend les traits charismatique Matt Damon, alors que Dickie Greanleaf est interprété par par... Jude Law, qui absolument parfait dans ce rôle. Mais il ne faut pas oublier LA femme du film, Marge Sherwood, intelligente, belle et lucide, qui est jouée par Gwyneth Paltrow.


L'émergence du coté psychopathe de Ripley nous apparait progressif, on se laisse vraiment porter par les belles vacances prolongées de Dickie et Marge jusqu'au basculement de milieu de film. En plus de tout ça : une ambiance lourde qui est en partie due à une bande son tintée d'un jazz joyeux (la passion de Dickie), qui contraste avec des morceaux classiques qui eux trahissent l'esprit torturé de Tom (Crazy Tom, et Mischief de Harry Rabinowitz, mettent vraiment mal à l'aise le spectateur).
Dans ce film, tout est beau (même le détraqué mental d'ailleurs), de la garde robe de Cate Blanchett à la collection de vinyles de jazz de Dickie Greenleaf.


Dans cette atmosphère de Dolce Vita nonchalante, tout déborde de style et d'élégance. De New York à Rome, en passant par Positano ou Procida, le film transpire de classe et de légèreté estivale (en tout cas, pendant la première partie du film). Les cheveux des hommes sont gominés mais leurs chemises sont ouvertes, les foulards colorés encerclent les boucles blondes des femmes alors que leurs jupes longues sont fendues.


Tout cela tantôt sous un soleil aveuglant de bord de mer, dans une petite cour intérieure boisée pendant un apéro (un limoncello, s'il vous plaît), ou alors dans une terrasse sophistiquée dans la capitale italienne.


Mise à part l'esthétique de rêve, ce film est un incroyable thriller, oppressant, dérangeant, tout comme celui de René Clément, aussi porté par des regards fascinants de beauté (Marie Laforêt en Marge, Alain Delon en Tom et Maurice Ronet en Dickie).


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louizmo
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le 20 déc. 2018

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