Satantango n'est plus du domaine de l'expérience cinématographique mais carrément de l'épreuve. Bela Tarr pousse l'austérité, l'opacité du propos et le redondance de certaines scènes-situations jusqu'à l'écoeurement. Mais cela fait en réalité partie de la fascination que l'on peut éprouver pour le style de ce cinéaste magyar tout comme pour les scènes interminables, le noir et blanc peu contrasté, la contemplation et la méditation puis les mouvements tellement lents qu'ils en deviennent quasi imperceptibles. La plasticité des décors pouilleux et boueux, cette pluie incessante, les animaux qui traînassent, les murs qui se lézardent, il faut aussi savoir prendre le temps d'observer les personnages avec leurs médiocrité, leurs ennuis ou leurs cruautés. Les dialogues sont la meilleure chose de ce film, ils sont philosophico-poétique malgré leur rareté, leur misanthropie et leur mystère. Si bien que ce côté énigmatique qui nous accroche durant les 3 premières heures se dissipe peu à peu pour devenir lassant.