Ce film n'est pas le premier à se pencher sur l'état de désorientation de la jeunesse allemande issue de l'ancienne RDA. L'action se situe dans les années 90, consécutivement à la chute du mur de Berlin, et s'attache aux pas d'une bande de grands adolescents, gentils garçons voulant se faire passer pour méchants - sans doute parce que l'entrée dans l'âge adulte et masculin veut cela, à leurs yeux - et essentiellement occupés par une exploration frénétique des possibilités que leur offre l'existence. Époque préservée où "le temps des rêves" est encore possible, avant l'effet d'entonnoir du réel.


Accompagnant les enthousiasmes de ces cinq camarades et leurs diverses tentatives de construction, le film est traversé d'un grand élan vital, au son d'une musique électronique très rock et entraînante. L'une de ses singularités réside dans le fait que son réalisateur, Andreas Dresen, n'oppose pas cette pulsion de vie et son antagonisme destructeur. Il montre au contraire comment les deux mouvements peuvent être intrinsèquement liés, à cet âge de la vie, parfois même étroitement entortillés l'un à l'autre. Et il rappelle aux adultes spectateurs qui ont franchi ce cap dangereux qu'il s'en faut souvent de très peu pour qu'un destin s'oriente vers une trajectoire de vie ou vers un toboggan de mort.


L'amour, l'amitié, la rivalité faite d'estime mal tolérée, les fêtes et les défaites, tout s'engouffre dans ce film tourbillon qui fait de l'adolescence une plaque tournante aux allures de toupie, insérant ou rejetant les petits êtres qui se trouvent happés par elle.

AnneSchneider
9
Écrit par

Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur.

Créée

le 27 janv. 2016

Critique lue 921 fois

9 j'aime

4 commentaires

Anne Schneider

Écrit par

Critique lue 921 fois

9
4

D'autres avis sur Le Temps des rêves

Le Temps des rêves
Fritz_Langueur
9

Quand le temps va et vient... on ne pense à rien... malgré ces blessures

A travers « Le temps des rêves », Adreas Dresen n’a pas cherché (ce que d’aucuns lui reproche) à faire un film universel sur la jeunesse allemande à l’aube des années 90, l’après chute du mur de...

le 1 mars 2016

4 j'aime

3

Le Temps des rêves
Cinephile-doux
6

Avoir 16 ans à Lepizig

Franchement, de la part d'Andreas Dresen, on attendait beaucoup mieux que cette copie très imparfaite qu'est Le temps des rêves. Avoir 16 ans et des poussières à Leipzig alors que le mur vient de...

le 11 déc. 2016

3 j'aime

2

Le Temps des rêves
Melki_Toldi
8

Trainspotting à l'heure de la techno

Quand je suis allé voir Le Temps des Rêves j'étais le seul "jeune" de la salle en compagnie d'une demi douzaine de "vieux", 3 ont quittés la salle avant la fin, surement surpris par la musique ou la...

le 9 mai 2016

2 j'aime

Du même critique

Petit Paysan
AnneSchneider
10

Un homme, ses bêtes et le mal

Le rêve inaugural dit tout, présentant le dormeur, Pierre (Swan Arlaud), s'éveillant dans le même espace, mi-étable, mi-chambre, que ses vaches, puis peinant à se frayer un passage entre leurs flancs...

le 17 août 2017

76 j'aime

33

Les Éblouis
AnneSchneider
8

La jeune fille et la secte

Sarah Suco est folle ! C’est du moins ce que l’on pourrait croire lorsque l’on voit la jeune femme débouler dans la salle, à la fin de la projection de son premier long-métrage, les lumières encore...

le 14 nov. 2019

73 j'aime

21

Ceux qui travaillent
AnneSchneider
8

Le travail, « aliénation » ou accomplissement ?

Marx a du moins gagné sur un point : toutes les foules, qu’elles se considèrent ou non comme marxistes, s’entendent à regarder le travail comme une « aliénation ». Les nazis ont achevé de favoriser...

le 26 août 2019

70 j'aime

3