Ma prise de conscience sur les conséquences meurtières de la guerre sur les civils a eu lieu avec le manga pacifiste et anti-militariste "Gen d'Hiroshima" crée par un survivant du bombardement atomique du 6 août 1945, et que je recommande vivement à tous ceux qui tomberont par hasard sur cette critique.
J'avais déjà pleuré à chaudes larmes pour les deux premiers tomes du manga, ce fut le cas dès la 1ère demi-heure du film, bien qu'il se situe dans un registre moins spectaculaire, et moins engagé. Le manga choquait par la monstruosité de l'arme atomique, et touchait par l'engagement pacifiste, ici c'est le destin tragique mais malheureusement habituellement cruelle d'une famille pendant la Seconde Guerre Mondiale. Là où naïvement on peut penser que seuls les hommes mobilisés pouvaient mourir, le film a le mérite de faire prendre conscience de la réalité d'une Guerre Totale où plus de 60% des victimes ont été des civils, principalement par la faim, la maladie, ou même les bombardements (sans oublier les génocides).
Là où ça coince, c'est sur l'aspect larmoyant et facile de la démarche, à savoir prendre la mort d'un enfant en bas-âge pour émouvoir le public. On peut se dire que regarder un film japonais, c'est espérer un dépaysement culturel, mais finalement on retrouve les mêmes ressorts que les films américains avec les violons façon Liste de Schindler. Heureusement que le doute sur le sort de la famille est dissipé dès le début du film, ce qui permet d'atténuer l'impact du tragic end, mais quand même la démarche et le point de vue adopté ne sont pas de la plus grande finesse.
Enfin sur l'aspect technique, l'animation est plutôt bonne, sans être transcendante, les voix sont vraiment touchantes, et les musiques sont elles excellentes, même si l'aspect larmoyant et prévisible agaçe : on se doute bien que la guerre n'est pas un Disneyland pour enfants. Justement, pour finir sur l'aspect confrontation de la cruauté du monde des adultes à l'innoncence pure des enfants, c'est d'une telle noirceur qu'on se demande comment aucun adulte n'a pu avoir la moindre once de pitié pour des enfants livrés à eux-mêmes.
Cependant, tous les défauts que j'ai pu trouvé au film font ressortir sa plus grande force qui est de mettre en valeur le sacrifice du jeune frère pour sa petite soeur, ainsi que leur amour tendre et inconditionel dans un milieu hostile. C'est un hommage à l'enfance qui continue à vivre intensément en jouant avec insouciance, comme la scène de la mer. À ce titre, les scènes dans l'au-delà et avec les lucioles sont les plus poignantes :
Pourquoi l'innocence meurt-elle si vite ?