Le film d'animation le plus triste du monde. Pire que la mort de la maman de Bambi. De quoi consolider une vocation pacifiste déjà forcenée. C'est un véritable supplice que de revoir ce dessin animé en sachant vers quoi on s'achemine... car je ne gardais de mon premier visionnage, il y a plus de dix ans, que l'idée confuse d'une fin déchirante. C'est donc crispée que j'ai regardé ce grand frère se démener pour s'occuper de sa charmante petite sœur, sans pouvoir profiter des moments de grâce que ces deux-là traversent, dans un Japon lapidé par les bombardements américains mais dont la nature reste fondamentalement indemne. Un peu comme dans le magnifique La ligne rouge : la beauté est présente en toile de fond, mais les activités humaines belliqueuses sont autant de blessures infligées à la Nature-même. Finalement, voilà une histoire fondamentale : elle nous renvoie à notre responsabilité essentielle en tant que créature douée de réflexion partageant la même planète merveilleuse. Et nous met le nez dans notre bilan calamiteux, hideux, monstrueux... sans omettre de nous montrer ce que nous pouvons faire de grand et de beau. Tous les soldats du monde ne vaudront jamais un enfant qui prend en charge le destin de plus fragile que lui. Qui partage sa maigre pitance et sourit quand le désespoir l'étreint pour épargner la petite âme dont il a la charge.
La mort de ces deux-là
est la défaite de tous les autres; de ceux qui larguent des bombes à l'aveuglette, des va-t-en guerre braillants, des femmes sans cœur qui profitent de la misère de certains pour gâter les leurs, à grands coups de mesquinerie, des gouvernements toxiques et des égoïstes patentés. Bref, une belle claque, bien méritée et salutaire, qui laisse un peu un goût de cendre dans la bouche. Un film qu'il faut voir absolument, en somme.