A une époque (révolue) Europa Corp (qui produit cette … œuvre) fabriquait tranquillement et à intervalles régulier des bons petits films d'action avec des stars au dessus de quarante ans et réussissait fort bien à nous divertir avec des films simples et efficaces comme les Transporteurs et disons les deux premiers volets de la saga Taken. Mais là cela fait trois films que la recette est de toute évidence épuisée et ce dernier opus estampillé action made in France est plutôt dans le sillage de 3 Days To Kill, qui reste le pire de la série des films d'actions produit par Besson, Lambert et consorts.
Ce qui est gênant surtout c'est qu'au lieu de vraiment reprendre l'ambiance des films précédents, on préfère ici lorgner vers James Bond. Les plaquent qui tournent sur l'Audi de Frank Martin font penser à Goldfinger par exemple. Et pourquoi pas, puisque cette année est truffée de films qui profitent de la sortie en novembre du vingt quatrième épisode de la sage cinquantenaire. (voir ma liste :).
Ce qui est vraiment gênant donc, c'est le fait de rendre tout vulgaire. Au lieu de filles sexys, exotiques (au sens plein du terme) et même parfois fortes, nos avons droit à des prostituées vengeresses se prenant pour les Quatre Mousquetaires. Aucun reproche à M. Dumas mais l'utilisation abusive des citations de son livre pendant tout le film donne vite mal à la tête. Surtout qu'ici il s'agit de la seule référence culturelle contrairement à l'univers bondien. Au lieu de casinos classes nous avons droit à des boîtes de nuits tapageuses de la côte d'Azur où pour surfer sur le récent succès du cinéma exploitant l'homosexualité féminine, les dites hétaïres s'embrassent sous leurs perruques blondes. Les hommes se font systématiquement avoir par le sex appeal des "mousquetaires" et tout le monde est donc réduit à une fonction basique de la relation homme-femme. Il faut y rajouter des scènes de sexe venues de nulle part comme le père de Frank Martin qui s'ébat avec deux de ces dames, alors qu'elles l'avaient kidnappé vingt minutes de film avant. Oublier la crédibilité n'empêche pas un minimum de plausibilité tout de même.
Le scénario est répétitif à souhait : on oblige le héros à faire quelque chose en menaçant quelqu'un d'autre, il le fait et on recommence. Qu'il soit payé est au fond facultatif. Le mode est très binaire. Trop. Au point où son père arrive à se faire enlever deux fois en moins d'une heure quarante de film. Sans parler de son aspect de vieux beau du père en question. L'enfer.
Les acteurs déclament leurs répliquent comme on crache un chewing-gum dans une poubelle publique, le montage colle des séquences les unes après les autres sans volonté de dynamiser l'ensemble, le cadrage est standardisé à l'extrême et la musique est … disons "à la mode". Au passage le nouveau Frank Martin a le charisme de David Pujadas et fait partie de ces acteurs qui ne savent que serrer la mâchoire ou froncer les sourcils. Et c'est quelqu'un qui appréciait l'humour et la simplicité des films de cette série qui l'écrit.
Au fond la formule est usée jusqu'à la ficelle alors on fait appel aux instincts primates du public pubère, et ce sans aucune vergogne, pour ramasser encore quelques deniers grâce à des (beaucoup de) jolies filles, de la violence stylisée, des répliques en bois et des grosses caisses. Et dire qu'ils ont prévus une trilogie (sic). L'addition est bien trop salée