On a tort de croire que seuls quelques réalisateurs contemporains sont assez subtils pour enrichir leurs films de poudrées psychanalytiques. Cukor, Hitchcock, Mankiewicz ou Huston furent de ceux qui, en précurseurs, dotèrent leurs personnages d'une véritable profondeur psychologique. le trio de losers du Trésor de la sierra Madre court après l'or pour des raisons diverses et le temps de leur quête au trésor va être aussi celui de leur remise en question profonde.


Dobbs (Bogart), Curtin (Holt) et Howard (Huston) vont au creuset de la souffrance voir se révéler leur nature profonde, se lever leurs doutes, tentations ou folies, lutter pour les affronter ou leur succomber.
Nul autre que Huston n'a su explorer avec autant d'acuité la montée de la folie chez ses personnages que ce soit dans les célèbres misfits, Freud passion secrète, ou encore Moby Dick.


"La conscience si on croit avoir une conscience, elle gâche la vie. Mais si on croit ne pas en avoir...Quel problème y a-t-il ? " s'interroge Dobbs. C'est en explorateur des questionnements et troubles de cette conscience, souvent altérée, qu'il faudrait comprendre l'oeuvre de Huston. Ainsi, le remarquable Audie Murphie dans "La charge victorieuse" va-t-il renforcer sa conscience du devoir face à la lâcheté de son attitude au combat, alors que Dobbs la verra disparaître sous ses délires paranoïaques.
Mais en dehors de cette étude psychologique, on aurait tort aussi de croire le film dénué de suspens, de rebondissements, d'actions et d'ironie. Là encore, ce serait mal connaître Huston, le bagarreur viril et âpre, maître de l'humour noir. A ce titre (comme à tous les autres) Eastwood est bien son fils spirituel.
Rajoutons à tout cela une direction d'acteurs exceptionnelle, une superbe photographie en noir et blanc de Ted McCord et une musique pour une fois collant parfaitement au film de Max Steiner et tous les ingrédients d'un vrai chef d'oeuvre sont au rendez-vous de la sierra Madre.

Christian_Attard
10

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le 7 sept. 2015

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