Je dois dire que j'étais impatient à l'idée de regarder ce film.
Son point de départ me plaisait (un auteur de westerns miteux débarque en Autriche et se retrouve à enquêter sur le meurtre de son meilleur ami).
Son contexte me plaisait (l'immédiat après-guerre dans un pays occupé par une coalition d'alliés).
Et le fait qu'il soit considéré comme l'un des meilleurs films noirs de l'histoire me laissait évidemment présager du meilleur.

Bien mal m'en a pris.

Non pas que le scénario soit nul. Il est plutôt bien construit et ne pêche que par un manque de surprises issu d'une absence de subtilité et d'un ton moraliste/propagandiste légèrement irritant ("le marché noir tue des enfants" (et des chatons aussi?)).
Non pas que la réalisation soit immonde. Elle est au contraire de très bonne tenue, si l'on accepte quelques bizarreries désarçonnantes (il faudra m'expliquer l'utilité des cadrages obliques).

Mais ces éléments n'ont pour moi que peu d'importance. Au cinéma, et plus particulièrement dans le domaine du Noir, ce que je recherche se situe à un autre niveau.
Dans les personnages principaux, qui ne sont ici pas suffisamment bien écrits pour transcender la relative fadeur (propre au film, je ne me prononcerai pas sur leurs autres rôles) du couple Cotten/Valli.
Dans les dialogues, ici pas loin d'être médiocres, et de plus souvent déclamés de manière trop théâtrale à mon goût.
Et surtout dans l'atmosphère, qui ne m'a ici jamais imprégné, peut-être desservie par une musique, certes originale, que je ne trouve absolument pas adaptée au genre, par une absence de violence et de sexualité palpables, et par des métaphores ou des symboles que je ne peux m'empêcher de trouver grossiers (les ombres, les égouts...).

Restent Orson Welles, hélas peu aidé par un rôle lui aussi inintéressant, et deux ou trois protagonistes secondaires très sympathiques qui n'ont pas réussi à me sortir de l'état de déception dans lequel j'ai été bien malheureux de me trouver (les scènes où une vieille ou un gosse braillent en allemand n'y sont sans doute pas étrangères).

Si vous recherchez du cynisme et de l'humour désenchanté dans un environnement proche, je ne peux que vous conseiller de vous diriger vers l'Affaire Cicéron, un pur chef-d'œuvre de Mankiewicz, car cette pellicule, malgré son pedigree Noir-Britannique, ne vous contentera certainement pas.
Kalian
4
Écrit par

Cet utilisateur l'a également ajouté à sa liste Les 50 bobines à collecter dans L.A Noire

Créée

le 25 févr. 2011

Critique lue 3K fois

36 j'aime

13 commentaires

Kalian

Écrit par

Critique lue 3K fois

36
13

D'autres avis sur Le Troisième homme

Le Troisième homme
SanFelice
9

La cithare et le coucou

Un écrivain raté, Holly Martins, débarque à Vienne pour retrouver son ami Harry Lime. mais en arrivant, il apprend que celui-ci a été tué dans un accident de la circulation. Et dans une ville qui...

le 6 juin 2015

51 j'aime

6

Le Troisième homme
JasonMoraw
9

Le fantôme de Vienne

Disons-le sans se retenir. Ne calmons pas nos ardeurs et laissons-les s’exprimer. The Third Man, Palme d’or 1951, n’est ni plus ni moins qu’un chef-d’œuvre doté d’un scénario solide. Sa flatteuse...

le 30 déc. 2021

41 j'aime

6

Le Troisième homme
drélium
8

Choc au las viennois

(Légers spoils peut-être...) Pour une fois que j'ai apprécié un classique du film noir beaucoup plus que Kalian, cela ne me semble même pas illogique. On disait que Samuel Fuller n'essayait pas de...

le 3 janv. 2013

39 j'aime

11

Du même critique

Bref.
Kalian
3

Y a un pépin, le bref.

Des thèmes parfaitement consensuels et profondément inintéressants (la drague, la procrastination, l'embauche...SU-PER !). Un personnage principal de gros mou vaguement loser stupide et méprisable...

le 6 sept. 2011

213 j'aime

143

Blade Runner
Kalian
10

She won't live...but then again, who does?

Blade Runner est l'une de ces rares œuvres que l'on ne peut facilement catégoriser sans tomber dans la simplification malhonnête. C'est une merveille de film noir. Une enquête passionnante et...

le 23 oct. 2010

148 j'aime

16

Freaks - La Monstrueuse Parade
Kalian
10

Les freaks, c'est chic.

J'ai toujours une certaine appréhension avant de lancer un vieux classique adulé par des générations entières. Une peur irrationnelle qui me fait craindre que le tranchant de l'œuvre ait été émoussé...

le 17 nov. 2010

111 j'aime

11