Gaspard, pourquoi ?
"Un taxi, dis-tu, On aurait presque pu le prendre". A ce moment-là, sais-tu déjà que tu renonceras au collectif ? Sans doute que non. Quoi qu'il en soit, c'est la pensée du collectif, incarnée par Manu, qui referme la plaque d’égout sur toi Gaspard, n'est-ce pas ?
Oui mais voilà, les circonstances changent brutalement, nous dis-tu. Ce n'est plus cette bande de frères que tu vois, ce n'est plus ces quatre murs et ces confitures qu'on partage. C'est une personne, un directeur de prison dans un grand bureau, un directeur qui t'a à la bonne. Un directeur qui t'apprend que ton affaire a changé, que ta femme a retiré sa plainte, et finalement que la sortie de prison tant convoitée est proche. Ici, que ne te voyons-nous pas déborder de joie ? Au contraire, tu esquisses bien un sourire à l'idée de ta libération, mais très vite tu t'assombris... Pourquoi ?
Sans doute ce sont ces considérations qui se bousculent dans ta tête : soit tu ne dis rien au directeur et tu pars avec les autres (mais pourquoi cette vie de fugitif au moment où ton affaire s'arrange ?) ; soit tu ne dis rien mais comme Jo' tu ne pars pas (alors tu t'exposes à de sérieux ennuis, ceux d'un complice), soit tu dis tout... Oui, c'est décidé, tu diras tout.
Ce que tu ne diras pas cependant, c'est comment tu ne t'es jamais senti aussi vivant qu'en compagnie de ces hommes d'honneurs, et comment tu pressens déjà que ta faiblesse sera ton fardeau.
Et ce que depuis longtemps tu gardes pour toi, comme un mal qui ronge, comme un outil qui creuse, c'est cette lancinante question, en toi mais à laquelle sans doute tu te dérobes : Gaspard, pourquoi ?
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