Lors d'un bal sur un bateau paradisiaque, un câble se tend, lâche et traverse dans une rapidité incroyable la piste de danse. La scène se fige, les danseurs deviennent des statues et dans une lenteur infernale se coupent en deux. L'un perd ses jambes, l'autre est coupée au niveau du buste, celui-ci tombe en arrière, un second sur le côté... Le sol se recouvre petit à petit de sang. Et finalement la tête du capitaine, tranchée au niveau de la mâchoire, tombe sur sa cavalière : une petite fille ayant échappé au carnage. Cette scène d'introduction gore et interminable incarne le paradoxe même du film, est-ce comique ou effrayant ?


Le vaisseau de l'angoisse oscille sans cesse entre le grotesque et l'épouvante. Le scénario est pourtant construit sur une base, soit commune, mais n'étant pas dénué d'intérêt. Un groupe de chasseur d'épave se retrouve à devoir remettre à flot un ancien paquebot disparue sans laisser de trace depuis des années. L'équipe, une fois monté à bord va faire face à de multiples mystères : Qui sont ces cadavres pourrissant depuis seulement quelques jours ? Quels sont ces impacts de balles au fond de la piscine ? Qui est cette petite fille apparaissant régulièrement ? Et cet or caché en fond de cale ?


Si les multiples énigmes attisent notre intérêt, parviennent à nous surprendre et peut-être pour certains à créer une réelle angoisse, l'attitude désinvolte et irresponsable des personnages n'arrivent qu'à nous agacer. L'aspect comique et inutile des protagonistes et les acteurs en roue libre brisent l'immersion dans l'univers étouffant de l'épave. Seul Maureen nous fait réellement avancer dans l'histoire et nous balade à travers ce navire d’une splendide étrangeté, à la manière d'un jeu vidéo, de pièces en pièces, d'énigme en énigme, jusqu'à la brusque révélation finale.


L'apogée du film, dévoilant les évènements de la soirée où a disparu le paquebot, est malgré tout totalement foirée. Les passagers se font décimer par l'équipage dans un montage rapide dégueulasse. Un massacre sanglant accompagné par de la techno, éjectant le peu d'atmosphère angoissante pour la remplacer par une scène tout droit issue de Doom. Le choix musical plus que douteux et le montage en fondu brise la volonté de retranscrire l’effet de panique à travers les yeux de la fillette. L’ambiance malaisante instaurée tout le long du film aurait pu être sauvegardée pour cette scène clé où seuls les choix du montage et non ceux du tournage sont à rejetés.


Steve Beck n’a pas su se restreindre à un genre afin d’obtenir un film efficace. Le vaisseau de l'angoisse est un funambule raté se promenant entre l'épouvante, le grotesque et l'action. Si un point d'équilibre peut être trouvé, ici le film se rate constamment, tombant d'un côté ou de l'autre, de manière plus ou moins maladroite, perdant toute crédibilité et le spectateur en même temps.


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le 14 juin 2017

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