Dès la première minute, je savais déjà que j'allais assister à du Kiarostami pur et dur. Ces paysages, ces dialogues hors-champ, je me retrouvais dans cette destination exotique que je connaissais déjà un peu grâce au visionnage de quelques films du réalisateur.
En voyant l'affiche et quelques images du film je m'attendais à un road-movie en Iran mais ce n'est pas du tout le cas. L'intrigue prend place au milieu d'un petit village iranien perché sur une montagne. Un groupe d'hommes décide de venir y passer quelques jours pour des raisons qui nous paraissent mystérieuses et inexpliquées au début. Le scénario est simple, on ne suivra qu'un seul de ces hommes qui va attendre patiemment ce qu'il est venu chercher tout en le voyant sympathiser avec les habitants locaux et vagabonder dans ce village et ces terres qui contrastent avec sa vie à Téhéran.

J'apprécie beaucoup cette simplicité justement, je trouve l'évolution de ce personnage touchante. Le voir sympathiser avec ce petit garçon, le voir s'égarer au milieu de conversations entre habitants tout en écoutant curieusement tout ce qui se dit. Le film ressemble pas mal au Goût de la Cerise du même cinéaste que j'avais beaucoup aimé. Comme dans ce dernier on y retrouve cette attente de la mort avec deux personnages qui la guettent pour des raisons différentes. Ce rapport à la mort est particulièrement bien rendu grâce au rythme du film. Le temps semble suspendu car Kiarostami filme l'attente, le banal, le quotidien. Si le concept a du sens, il peut aussi rebuter. Pour ma part j'avoue que le cinquième "Allô" m'a un peu gavé mais bon, pour le coup ça reste personnel.

l'aspect pictural du film est aussi une bonne chose. Kiarostami place son action au sein de paysages somptueux. La contemplation prend une dimension importante dans ce film. Le cinéaste aime la beauté et la simplicité. Ce côté épuré, sans musique, avec seulement le bruit de la nature en fond me plaît beaucoup. Globalement la qualité de la mise en scène est impeccable. L'utilisation du hors-champ déroute un peu mais ne fait que renforcer le côté mystérieux de l'oeuvre car on ne nous montre pas tout, on ne nous tient pas par la main pour révéler les intentions du personnage principal. Quelques scènes sont admirables, je pense à celle où ce dernier déclame un poème à la jeune femme qui trait le lait (j'aurais aimé qu'il y ait plus de scènes comme ça d'ailleurs) ou encore quand il s'excuse auprès du petit garçon pour son comportement. Ce rapport à l'humain est intéressant et donne vie au récit, tout semble vrai et authentique. Le Vent nous emportera est une aventure fortement sympathique. Il ne s'agit pas du Kiarostami que je préfère mais en tout cas ça reste une belle oeuvre, un peu répétitive certes mais pleine de qualités.
Moorhuhn
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le 20 août 2014

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