Noiret et sa pétoire
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le 10 mai 2019
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Film complexe et pourtant puissant que ce Vieux fusil.
Complexe car il donne à prendre plaisir, comme tout rape & revenge traditionnel, du massacre de vilains pas beaux méchants, ici estampillés SS. Non pas qu'il ne faut pas diaboliser les pires représentants de l'armée allemande de l'époque : la 2ème division SS Das Reich massacrera plus d'un millier de civils français innocents en l'espace d'un mois en 1944, dont 642 à Oradour-sur-Glane (massacre qui a partiellement inspiré le film). Disons plutôt qu'à l'image forcément détestable des nazis s'ajoute un plaisir voyeuriste de les voir mourir dans d'atroces souffrances, ce qui annihile tout devoir de mémoire au profit d'un sadisme jouissif, et nous place nous spectateurs dans une position qui, au final, ne s'éloigne pas forcément des criminels punis.
Puissant car le film, au-delà de son caractère polémique, est un formidable thriller mené par Philippe Noiret habité, colosse aux pieds d'argile capable des pires exactions tout en se souvenant de quelques instants de bonheur à jamais perdus. Il y a chez Noiret une noirceur inquiétante troublée par son regard embué, sa démarche éléphantesque et son côté bourgeois populaire. Sans lui, le film n'aurait sans doute pas traversé les âges, l'élégance de la mise en scène d'Enrico (en termes de cadrage, de distillation de la tension et du choix des décors) tombant souvent à l'eau par un montage mou du genou, où les flash-backs certes indispensables à l'épilogue (brutal) ralentissent le rythme voire casse l'ambiance glauque et prenante que le réalisateur avait réussi à installer.
C'est d'autant plus dommage que le film n'est pas qu'un simple prétexte à conjuguer Histoire et violence, divertissement et coup de poing ; c'est avant tout le portrait universel d'un homme brisé par la fatalité de la vie, et le tableau d'un bonheur impossible de ses prémices à sa terrible conclusion. Un sacré morceau de cinéma français made in grande époque.
Créée
le 11 nov. 2016
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