Le Vilain par Gérard Rocher La Fête de l'Art

Il est tout à fait logique de trouver le héros de cette histoire aussi bien nommé que le Vilain. En effet celui-ci passe sa vie à semer le mal autour de lui. Au bout de vingt ans le voici qui fait sa réapparition en venant se faire héberger chez sa chère mère: Maniette. Il faut avouer que pour le Vilain l'endroit est rêvé pour une "mise au vert" car cette Maniette qui n'a rien d'exubérante autant dans sa physionomie que dans sa vie quotidienne est une femme qui n'a pas forcément les pieds toujours sur terre. Malgré sa naïveté, elle va finir par découvrir la vraie nature du fiston et participer involontairement à sa vie "mouvementée". Il sera difficile pour la pauvre Maniette de remettre son fils sur de bons rails car celui-ci n'a pas de gratitude particulière envers sa mère. Une lutte va alors s'instaurer entre eux deux sous l'oeil inquisiteur d'une tortue...


Maniette vit seule dans un quartier bien calme mais les petits pavillons attisent l'ambition d'un gros promoteur qui entend bien transformer ces lieux en buildings. Cette femme, à la vie bien réglée, est lunaire, inconsciente du danger, passant par contre au travers de toutes les embûches qu'elle provoque. Sa petite vie va s'emballer le jour où son rejeton aussi mauvais que la gale va venir sonner à la porte au bout de vingt ans d'absence. Il faut dire que ce malfrat est poursuivi par quelques types de son genre guère décidés de le laisser en vie très longtemps. Toutefois, comme sa mère, le Vilain arrive toujours, malgré quelques balles dans la peau, à se tirer d'affaire. Dans sa chambre où rien n'a changé depuis son départ, il se cache et manigance quelques projets abjects. Même Maniette qui petit à petit découvre certaines vérités sur son fils n'échappe pas aux mauvais desseins du Vilain. Elle fait des découvertes surprenantes notamment celle où ce mauvais fils avait brisé la carrière et la vie de leur médecin de famille en trafiquant des ordonnances. La naïveté de la mère s'évapore progressivement et c'est ainsi qu'elle va "affronter" son fils, tout en lui gardant son affection, afin de le mettre définitivement sur les rails d'une vie d'honnête homme. L'entreprise s'avère difficile mais malgré tout l'attitude du Vilain pourrait s'avérer salvatrice, sa méchanceté pouvant aider l'Association pour la sauvegarde du quartier à mettre un terme aux projets de l'affreux promoteur. Inconsciemment, grâce aux balles de flingues que le Vilain se prend dans la peau, il arrive à redonner goût pour la médecine à ce médecin de famille, radié de l'Ordre par sa faute et appelé sans cesse en urgence pour extraire les projectiles reçus par ce fils indigne. C'est donc une vie plutôt mouvementée qui va s'instaurer dans cette demeure sous l'oeil acéré d'un troisième larron: la tortue à la carapace couverte d'inscriptions, souvenir du Vilain, souvent présente et active dans les moments les plus agités...


J'ai souvent écrit tout le bien que je pense d' Albert Dupontel. J'apprécie le personnage qui me paraît souvent fragile mais paradoxalement à l'humour vachard et acéré pouvant parfois en choquer certains. C'est pourquoi j'attendais ce film dont il est réalisateur et acteur avec une certaine impatience, le sujet pouvant se prêter à un burlesque assez décapant et la distribution alléchante. Eh bien, patatras ! J'ai vu là une comédie, certes pas déplaisante à regarder, mais sans grande originalité. Le face à face mère-fils fonctionne plus grâce au talent des acteurs qu'à l'originalité des répliques qui manquent singulièrement de piment. C'est vrai que cette intrigue se prête à de nombreux rebondissements, mais tel un ballon un peu dégonflé, ceux-ci manquent de force, ils oublient de nous surprendre. Bien sûr il y a des courses poursuites, des fusillades, des chutes spectaculaires, mais le délire qui devrait s'exercer dans ces scènes n'est offert qu'à doses homéopathiques. Certes quelques trouvailles intéressantes pimentent tout de même cette oeuvre comme cette tortue indiscrète dont on suit le parcours en imaginant sa vision au ras du sol ou les interventions régulières d'un ancien médecin ivrogne et déjanté fort bien interprété par Nicolas Marié. Albert Dupontel est bon comme toujours mais il n'apporte pas le grain de folie qui lui permettrait d'être très bon. Catherine Frot, pour la circonstance grimée en bigote d'un certain âge et qui, petit à petit, trouve un peu de lucidité se sort correctement de son personnage. Cependant ce rôle ne restera certainement pas le plus inoubliable de sa magnifique carrière.


Sur ce coup là, Albert Dupontel se révèle meilleur acteur que réalisateur. Toutefois cela ne suffira pas pour me dévier du bien que je pense de lui en temps qu'humoriste. Si par un temps affreux le cafard vous prend, vous pourrez tout de même essayer de vous détendre un peu en allant rendre une petite visite à ce vilain garçon !

Grard-Rocher
4
Écrit par

Cet utilisateur l'a également ajouté à ses listes Les autres films. et Cinéma : Entrez dans le monde de la comédie.

Créée

le 17 sept. 2013

Modifiée

le 16 sept. 2013

Critique lue 1.3K fois

22 j'aime

10 commentaires

Critique lue 1.3K fois

22
10

D'autres avis sur Le Vilain

Le Vilain
Plume231
6

Un fils indigne !

Après un pénible, vain et oubliable Enfermés dehors, qui montre un épuisement et les limites du Dupontel "radical" des débuts, l'acteur-réalisateur-scénariste fait avec ce Vilain sa première...

le 27 févr. 2014

20 j'aime

3

Le Vilain
Clément
5

Critique de Le Vilain par Clément

Le Vilain n'est pas un mauvais film, mais il m'a laissé un arrière-goût de déception. Je suis d'habitude très client des films de Dupontel, à la fois en terme d'univers et d'humour, et après la...

le 10 avr. 2010

19 j'aime

Le Vilain
lessthantod
6

Le film d'un sale gosse qui se cherche un peu

Albert Dupontel revient aux affaires après Enfermés dehors, un film que j'avais trouvé (pour ma part) assez décevant. De mon point de vue, Le Vilain est bien meilleur que son précédent film, mais ça...

le 26 juin 2023

12 j'aime

2

Du même critique

Amadeus
Grard-Rocher
9

Critique de Amadeus par Gérard Rocher La Fête de l'Art

"Pardonne Mozart, pardonne à ton assassin!" C'est le cri de désespoir d'un vieil homme usé et rongé par le remords qui retentit, une triste nuit de novembre 1823 à Venise. Ce vieil homme est Antonio...

176 j'aime

68

Mulholland Drive
Grard-Rocher
9

Critique de Mulholland Drive par Gérard Rocher La Fête de l'Art

En pleine nuit sur la petite route de Mulholland Drive, située en surplomb de Los Angeles, un accident de la circulation se produit. La survivante, Rita, est une femme séduisante qui parvient à...

166 j'aime

35

Pierrot le Fou
Grard-Rocher
9

Critique de Pierrot le Fou par Gérard Rocher La Fête de l'Art

Ferdinand Griffon est entré malgré lui dans le milieu bourgeois par son épouse avec laquelle il vit sans grand enthousiasme. Sa vie brusquement bascule lorsqu'il rencontre au cours d'une réception...

156 j'aime

47