En 1965, Robert Aldrich change clairement de registre en s'attaquant à l'adaptation du roman "Le Vol du Phénix" de Trevor Dudley Smith qui narrait les mésaventures de l'équipage d'un avion perdu en plein désert libyen et qui va se mettre en tête de rebâtir leur véhicule pour repartir. Seuls, isolés, étouffant et mourant peu à peu de soif dans ce désert torride, les membres de l'équipage vont découvrir les liens puissants de la solidarité pour ne pas sombrer dans la folie.
Mais un membre au début discret et reclus, l'Allemand Heinrich Dorfmann, va très rapidement s'imposer comme leur nouveau leader en proposant de reconstruire l'appareil, quitte à s'attirer les foudres du téméraire pilote Frank Towns... Ce dernier, c'est l'impérial James Stewart, toujours aussi imposant, toujours aussi masculin, un homme un vrai qui de par son regard sérieux et sa carrure effraie et laisse coi le spectateur le plus aguerri.
À ses côtés, l'excellent Richard Attenborough, dans l'un de ses meilleurs rôles, ici parfait en co-pilote désœuvré. Face aux pilotes, le sournois et impressionnant Hardy Krüger dans la peau de ce leader opportuniste profitant de la situation pour progressivement s'approprier le reste des passagers, les menant à la baguette pour mettre en œuvre son projet de reconstruction. Étant dans la conception d'avions, cet Allemand « qui n'a pas participé à la Seconde Guerre Mondiale » s'avère être aussi bien le seul homme à les tirer de ce trépas mortel mais également le pire chef, usant de son pouvoir pour s'octroyer une sorte de trône invisible.
Véritable survival en milieu désertique, Le Vol du Phénix est une incroyable aventure humaine où six hommes vont tenter de survivre, de se surpasser physiquement et moralement alors que le soleil tape fort au-dessus de leurs têtes et que l'eau s'affaiblit de jour en jour. Robert Alrich réussit à créer une atmosphère pesante, pleine de tensions et de rebondissements en n'utilisant qu'un seul décor : cette place vide où ne résident que des dunes ardentes. Malgré ses 2h15, le film reste passionnant de bout en bout et, malgré quelques longueurs en fin de parcours, arrive à nous captiver du début à la fin grâce à des moments forts et une pression grandissante de passages en passages, faisant du long-métrage une réussite surprenante qu'on ne se lasse pas de contempler.