Superbe cinéma humaniste d'après-guerre.
Comment dire ? La prochaine fois que je tombe sur quelqu'un qui me dit, comme si c'était une évidence du type de celles dont sont faites les lois de la physique, que la solidarité sociale "c'est pour les assistés, les profiteurs, et moi pourquoi j'aiderai des cons qui se font des ciroses du foie ?"... ben la prochaine fois, il faudra que je me souvienne de lui montrer ce film.
Il y, a dans le voleur de bicyclette, toute la tragédie de la solitude de l'homme enfermé dans la société qui s'est individualisée. En temps d'après-guerre, où les ressources sont rares, sa vie ne peut tenir qu'à une toute petite chose : avoir une bicyclette pour travailler comme livreur. TOUT dépend de cette petite misérable chose. Et cet homme se retrouve seul dans la foule, seul parmi tant d'autres hommes seuls eux aussi, à chercher une raison d'espérer. A chercher un moyen de retenir les morceaux de sa vie qui s'effrite près de lui.
Ce film souligne toute la dimension, j'insiste sur le mot dimension, tragique de la condition humaine sortie des règles de la solidarité. Qu'est-ce qui manque à ce monde, se demande-t-on devant l'écran, pour que ça marche ? La réponse est évidente, soulignée sans vraiment l'être par chaque situation du film, par les réactions des protagonistes. Je ne vous la donne pas bien sûr, ce serait trop facile.
Derrière une histoire à première vue simple et banale, on trouve en réalité un regard plongeant dans la condition humaine, qui montre la fragilité de l'homme isolé, la nécessité, pour sa survie, de devenir un rejeté de tous, sans aucune possibilité d'être entendu. A montrer à tous ceux qui n'ont pas compris que si leur vie va bien, c'est principalement (même si pas uniquement) parce qu'ils sont juste, juste, juste du bon côté de la barrière.
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