Pour son quatrième film en tant que réalisatrice, Marie-Castille Mention-Schaar s'attaque à un sujet épineux : le recrutement des jeunes pour le djihad. Pour ce faire, elle fait le choix d'un récit éclaté, focalisé sur 3 personnages : Sonia, jeune fille arrêtée à la frontière juste avant son départ. Melanie, dont la rencontre avec Mehdi va la pousser vers l'islam radical et Sylvie, une mère dont la fille est partie pour la Syrie. Avec cette multiplicité de point de vue, la réalisatrice parvient à dresser un portrait assez large et complet du problème. En effet, passé une scène d'ouverture assez fausse (beaucoup trop didactique et se répétant comme un fil conducteur au long du film), chaque aspect du récit s'avère assez juste. Via Sonia, on explore la difficile tâche de renouer avec le monde et quitter le radicalisme. Avec Melanie, on découvre plus en profondeur les méthode de recrutement, via les videos de propagande et la promesse d'amour (sans doute l'histoire la plus effrayante du film) et avec Sylvie le poids qui pèse sur les épaules de parents dont l'enfant à choisi le djihad. De ce fait, même si le film sent parfois l'artificialité (surtout avec le personnages de Sonia dont le développement est trop artificiel pour rentrer dans les 105 minutes de film, en plus des 2 autres histoires), le film se regarde avec intérêt d'autant qu'une tension palpable est dilué sur toute a durée. Ainsi, si le film n'est pas le document édifiant qu'il semble aspiré à être, il s'avère des plus convaincant et apporte un regard interessant sur l'embrigadement vers la Syrie.
Pour ce qui est de la mise en scène, on regrettera le côté "scènettes" renforcé par le nombre (trop ?) important de noir entre les séquences et de fondu au noir, masquant une difficultés évidentes à conclure certains passages. Pour le reste, le film se laisse parfois aller à u esthétisme de bon aloi qui s'avère plutôt agréable.
Côté acteur, Noémie Merlant (Sonia) laisse éclater sa rage pour un résultat plutôt convaincant tandis que Naomi Amarger (Mélanie) livre une performance plus rentrée (et offre l'image la plus marquante du film : la jeune fille, enfermé dans son niqab, jouant du violoncelle, est tout simplement affreuse). Face au deux jeunes filles, Sandrine Bonnaire et Zinedine Soualem interprète avec talent les parents blessés de Sonia, tandis que Clotilde Courau et Yvan Attal livre des performances plus extériorisés.
Au final, si "Le ciel attendra" est marquant, c'est pour son rapport entre le didactisme sur l'endoctrinement et sa maitrise de la narration qui en font un film haletant tout en mettant en avant des questions interessante et actuelle. Même si il n'est pas exempt de défaut, le film s'avère convaincant et réussi.

quintinleneveu
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le 8 oct. 2016

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Quintin Leneveu

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