Troisième expérience d'un film de Pascal Thomas adapté non pas du roman homonyme d'Agatha Christie mais d'une aventure de Miss Marple intitulée Le train de 16h50 où pour notre plus grand plaisir le mystère aurait dû flirter avec la "screwball comedy" mais troisième déception : je ne réitérerai pas tant je me suis ennuyée !

Un duo d'acteurs excellents certes et qui prennent plaisir à jouer : Catherine Frot coquine retraitée toujours à l'affût de crimes et de cadavres compose une savoureuse Prudence qui s'ennuyant ferme dans une existence un peu ronronnante n'a de cesse de pimenter sa vie d'aventures mystérieuses: "Imagine comme ce serait palpitant d'entendre cogner à la porte, d'aller ouvrir et de voir un mort entrer en titubant", dit-elle à son cher Bélisaire de mari, qui sous les traits du délicieux Dussollier se la coule douce, les orteils en éventail, profitant du décor et du calme de l'endroit près du lac du Bourget.

Seulement voilà, de rythme dans la mise en scène il n'y en a pas, et on a l'impression dans ce cadre vieillot, d'assister à une séance de "Au théâtre ce soir" destinée à un public prêt à chausser ses charentaises !

Prestation cocasse toutefois d'Annie Cordy dans le rôle déclencheur de Tante Babette, chasseuse de papillons excitée comme une puce, celle qui a vu le crime par la fenêtre du wagon et ne s'en remet pas.

" Roulant dans la même direction et presque à vitesse égale, les deux trains semblaient disputer un match. Mrs McGillicuddy, pour se distraire, regardait les occupants du compartiment qui s'offrait à sa vue.
Ce qu'elle vit lui arracha un cri. Debout, le dos tourné, un homme serrait la gorge d'une femme : il l'étranglait. Le hasard voulut que le « 16 h 50 » ralentît et que le train « parallèle » le dépassât, disparaissant ainsi dans la nuit. "

De son côté Claude Rich livre une truculente prestation de vieillard irascible et pingre qui s'en donne à coeur joie, injectant un peu de rythme et de folie dans cette comédie qui en manque cruellement.

On l'aura compris, le film peine et se traîne, les interprètes seuls contribuant à maintenir un semblant d'intérêt car on oublie hélas Agatha Christie.
Non décidément, je n'ai pas retrouvé, une fois de plus, l'ambiance si prenante des romans de la Reine du crime.
Aurea
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le 4 avr. 2012

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