Déjà, j'hallucine de l'ambigüité de l'affiche ! Tonton Alfred n'y allait pas de main morte sur les sous-entendus. J'avais vu ce grand classique il y a au moins trente ans, et j'ai senti une curiosité à sa rediffusion sur Arte. Et j'ai bien fait, car je ressort du film aussi revigorée qu'après un samedi passé devant Au théâtre ce soir en famille dans les années 80. Tout est très théâtral dans cette histoire : le huis-clos quasi permanent, le long dialogue du départ entre les deux potes de "college" (qui reste collège en français, bizarrement), le jeu assez outré des acteurs, qu'on voit réfléchir (et ça, j'adore, quand on voit les personnages réfléchir, je trouve ça terriblement cinégénique) et bricoler des théories, des soupçons ou des alibis dans leur tête quasiment en temps réel, et bien sûr le dénouement "coup de théâtre", qui porte bien son nom. Bref, un bon moment bien investi, qui donne du grain à moudre, en dépit de choix artistiques qui ont un peu mal vieilli parfois, notamment le gros plan sur le visage de Grace Kelly qui résume en trois angles son procès (ingénieux mais artificiel) et la structure temporelle ramassée à la toute fin, qui voit l'intrigue se dénouer la veille d'une "deadline" qui porte bien son nom, mais je n'en dis pas plus pour les 2 personnes au monde qui n'auraient pas encore vu cet incontournable.