Le Détachement féminin rouge par Florens

The Red Detachment of Women est un film de propagande, cependant il faut admettre qu'il excelle dans le genre. L'action se déroule dans la Chine des années 30 et souhaite afficher les prémices de la révolution culturelle.

L’héroïne de cette épopée est Qionghua, une servante d'un riche propriétaire terrien Nan-batian. Qionghua éprouve une haine débordante contre son maître (à cause de la cruauté de celui-ci) et essaye de s'enfuir à plusieurs reprises. A chaque fois elle est rattrapée puis punie sévèrement. Un jour, un bel homme sur son cheval blanc recouvert d'un drap rouge (véritable allégorie du communisme) vient sauver de manière fortuite la belle.
Celle-ci ayant retrouver sa liberté décide de rejoindre une armée révolutionnaire : un détachement de femmes de l'armée rouge.

Les symboles sont très forts, les personnages incarnant le prolétariat ainsi que les membres du PC sont toujours montrés sous leurs meilleurs jours, toujours souriants, toujours prêt à sacrifier leurs vies pour leurs idéaux mais également toujours prêt à aider, à se soutenir et à partager de bons moments. Ainsi malgré l'univers de la guérilla, il existence une certaine légèreté dans l'âme des membres de l'armée rouge. Une volonté forte, ces derniers sont certains de leur victoire. En somme, il existe un idéal, un idéal commun qui semble transcender leurs existences. L'amour est même présent au milieu du camp.
Tandis que dans l'univers des propriétaires et des gouverneurs, ces derniers ont toujours un air grave, ils sont laids et expriment à travers leurs physionomies une sévérité poignante. Ces dernier se livrent à des tortures physiques, méprisent les paysans, se permettent de tuer injustement. Ils sont dénués de toute forme d'humanité.

Devant un tel dualisme, le lecteur occidental sur son promontoire capitaliste pourrait s'ennuyait cependant ce n'est pas le cas. En effet, on apprend à soutenir ces personnages qui se battent pour l'égalité entre les Hommes, pour ces femmes qui s'émancipent et se battent aux cotés des soldats pour défendre des valeurs communes, pour cet idéal d'un monde où personne ne serait au dessus de l'autre et où règnerait une véritable harmonie.
Mais malheureusement, à force de trop considérer les membres du parti comme des êtres divins, des êtres sans défauts, la lutte devient au fur et à mesure plus fade. Cette lutte à l'origine, pour l'égalité entre les êtres pour certain, contre la haine du servage pour d'autres, se morfond en une volonté de s'intégrer au parti, de gagner en grade.
Chacun a envie de rejoindre ce cercle composé de divinités, ce cercle composé de héros du genre humain. La lutte, la défense de valeurs semble supplantée par le désir de faire partie d'une communauté et peut-être au fond d'une volonté de domination masquée à l'intérieur de cette communauté.

A force de trop en faire, la film perd en crédibilité, on pourrait y croire mais la présence d'une classe dirigeante aussi parfaite ne peut qu'envoyer que du scepticisme. Faire descendre les secrétaires du parti de leurs chevaux blancs serait un bon début pour que l'on puisse réellement y croire.