Ce fruit est d'un assemblage aussi improbable que savoureux.


Aux manettes le débutant Henri Verneuil, futur petit maître du cinéma français, épate ici par sa direction d'acteur pour le moins précise sur un sujet cliché, et le rythme impeccable de son montage. Il exploite habilement le décor de ville provinciale et les atouts d 'Arles et ses environs.


En tête d'affiche le déjà immense Fernandel, extraordinaire par moment, pour jouer le désir ou la folle pulsion. Il joue l'Homme fragile, l'adolescent de quarante ans avec une belle conviction.


La jeune débutante François Arnoul fait plus que de nous offrir un sein, elle ensorcelle, elle intrigue, elle pique et je ne sais pas si c'est moi mais dans la seconde moitié j'ai eu l'impression tout à coup que sa paupière gauche tombait, lui donnant un air encore plus mystérieux... Jusque là je ne la connaissais que par une question de Trivial Pursuit ( édition 1984 ) et quelques allusions ça et là sur son auréole de garce vénéneuse... Écrasée par la splendeur insolente et plus moderne de BB, elle me parait désormais un peu injustement oubliée...
A 21 ans elle maîtrise déjà parfaitement la caméra et le désir des hommes, sa séduction de Fernandel est un petit bijou.


Au scénario, un roman de Simenon, plus puissamment amoral ( lettre à mon juge ), joliment transposé et édulcoré par le père de Nina Campaneez ( quelle grande famille le cinéma ...). Prêtez oreille aux dialogues, un poils trop intelligents mais si justes.


En édulcorant Simenon, le film touche à la banalité implacable, à la cruauté en sourdine et ce goût amer du fruit de la connaissance qui a peut être appris quelque chose à certains des personnages et à nous mêmes...


Le diable se niche dans les détails, la mise en scène nous laisse le temps d' apprécier quelques pépites inattendues.


N'en déplaise aux amoureux du film noir dont je suis, moins spectaculaire que beaucoup, ce film ne touche pas moins juste jusqu'au bout. Un film au charme suranné du passé encombré de carcan moraux disent certains, si tant est qu'un jour l' humain devienne tristement désuet...

PhyleasFogg
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le 16 juin 2016

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PhyleasFogg

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