Le premier petit coup de provoc de Romain Gavras est d'ouvrir son film avec du Sardou. Il est facile d'imaginer la petite bande de scénaristes se dire ça va faire chier le public de foutre à fond du Sardou dans les enceintes du ciné. Quoique qu'après tout la variété française ne mériterait elle pas une certaine réhabilitation? Si on regarde bien n'est ce pas ce que font les américains avec leurs films? Ils passent leurs temps à truffer leurs films de chansons populaires, donc pourquoi ne pas ouvrir le monde est à toi avec une chanson de Michel Sardou? Romain Gavras se sert de la musique populaire française pour son film et il faut bien reconnaitre que ça fonctionne plutôt bien. Le cocktail son, image marche, Garvras vient du clip et ça se voit. S'il sait allier les deux choses, il ne sait toujours pas tenir un film. Notre jour viendra était déjà bien laborieux, le monde est à toi n'est pas mieux, il est peut être même pire, car dans son premier film il y avait un ou deux instants d'amusants, là il n'y en a aucun, on esquisse une ou deux fois un léger sourire et encore. Le film tient 5mn puis tout s'écroule dans une histoire de gangsters façon Guy Ritchie. Difficile de ne pas penser au personnage de Brad Pitt dans Snatch avec Vincent Cassel qui parle dans un langage difficilement compréhensible. Gavras utilise aussi des effets bien nases digne d'un Guy Ritichie, comme lorsque l'irlandais parle de sa crainte de traiter avec des arabes, ou encore quand les deux jeunes s'imaginent ce qu'ils pourraient devenir avec l'argent de la drogue. Illustrer ce genre de chose c'est tomber dans la bêtise la plus totale


Le film se veut amusant, percutant, et Gavras veut jouer avec les codes d'une société française qui déplait, celle des banlieues. Il en prend l'imagerie, mais il n'en fait rien, voir des gars faire des roues arrières en scooter dans des cités HLM et filmer des barres d'immeubles ça fait de belles images. Mais à part ça? Utiliser l'image des femmes voilées pouvait être une bonne chose pour créer la controverse puisqu'il s'agit d'un sujet qui a fait débat en France. D'autant qu'il n'habille pas n'importe qui de cette façon. Puisqu'il s'agit d'une icône du cinéma hexagonal Isabelle Adjani. Mais encore une fois derrière cette petite provoc il n'y a rien.


Gavras fait du beau avec du laid, enfin l’esthétisme de son film n'est pas tenu d'un bout à l'autre de main de maitre. Ce qu'il fait de ses personnages est le plus gros problème, il les plonge dans une histoire commune de trafique de drogues et du dernier coup avant la tranquillité d'une vie paisible. Gavras ne sait pas construire ses histoires, et ses acolytes non plus d'ailleurs. Il faut dire qu'il est aidé par Noé Debré, qui a signé les gamins, la crème de la crème et problèmos autant dire que le travail de ce scénariste est calamiteux. Les dialogues sont issus de la même bande est là encore c'est mauvais, ça se veut drôle, mais c'est nullissime, le truc avec les illuminatis cherche à amuser, le résultat est raté. Si Gavras serait un bon réalisateur il serait diriger dans la bonne direction ses équipes, que ça soit les scénaristes, ou les acteurs, là il ne sait pas. Il lui reste encore bien du travail à accomplir avant de savoir le faire.


Gavras se prend pour un auteur, il n'a pas la capacité de ses ambitions, tant qu'il ne se rendra pas compte qu'il n'est pas capable d'écrire, son cinéma restera médiocre. Il a beau s'entourer mais s'il s'entoure de médiocres il n'avancera pas plus. Gavras ne sait pas non plus diriger ses acteurs, la plupart du temps ça joue mal, voir très mal pour Cassel qui est un habituer du genre. Ce type ne sait pas incarner autre chose que lui même, donc il est incompréhensible que l'on continu de lui faire jouer des rôles avec accents ou autre, il ne sait pas faire et ne sera jamais. Adjani en fait aussi parfois trop, Karim Leklou singe parfois les émotions, François Damiens fait son numéros habituel, Katrine est un poil plus amusant, mais bon son personnage n'est pas d'importance. Gavras cherche à jouer le rôle du poil à gratter avec son cinéma. Mais quand on voit ce qu'il est capable de faire il est bien loin de gratter et de déranger quoique ce soit. Ça pseudo provoc fait pschitt. Les blagues racistes n’ont rien d'amusantes, elle sont faisandées, provoquer ce n'est pas aussi simple que de dire de grosses inepties sur les noirs et les arabes. Tout est trop basique, rien ne surprend, c'est justement le problème du film son manque d'originalité dans le traitement.

Heurt
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le 7 sept. 2018

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