La comédie française de la semaine revient toute auréolée d'un passage à Cannes à la quinzaine des réalisateurs où entre un pensum de Jean Luc Godard et un film russe sur l'un des nombreux conflits qui enflamme à ses frontières, elle enthousiasma la critique, lui prédisant un grand succès.
Je ne sais si le film cassera la baraque au box office, mais vue le résultat, il devrait se hisser au niveau de " Ma reum" ,dans un genre différent certes mais avec les mêmes qualités bien frelatées.
Le film, sa réalisation, son scénario est à l'image de la plupart de ses personnages qui ( à part le héros principal, interprété avec beaucoup de retenue par Karim Leklou) jouent les malins façon caillera. Tout sent l'esbroufe là-dedans, le roulement de pectoraux gratuit et vain. Avec une esthétique de clip de rap, des mouvements de caméra façon grosse prod américaine ( mais en banlieue parisienne, ça finit par faire plouc) nous suivons un jeune banlieusard propre sur lui et bien gentil, dorloté, étouffé par une mère qui croit que mettre du Gucci la rend belle et chic. Il veut devenir le distributeur exclusif des Mr Freeze au Maghreb. Et pour y arriver, il doit commettre un dernier gros larcin avec une bande de nazes.
On peut donc penser que Romain Gavras s'attaque à ce sujet avec un bon coup de dérision, voulant être décapant et drôle, en dynamitant tous les clichés du genre. La lecture du scénario le laisse penser, sauf qu'à l'écran, c'est une autre histoire, le mélange film d'action et comédie ne fonctionne jamais. A vouloir jouer le malin, en faisant copiner du Sardou ou du Voulzy avec du Booba ou du PNL, en collant des scènes à l'emporte-pièce, en ne trouvant jamais la bonne distance avec ses personnages ultra caricaturaux, en voulant jouer avec les thèmes actuels ( Adjani en burkini, l'exploitation des migrants mais de façon lourdaude)), le film n'a aucun rythme et se gonfle totalement et inutilement de l'importance qu'il croit avoir. On assiste au spectacle totalement vain et pas du tout drôle ( salle presque pleine quand je l'ai vu et un seul rire !) d'un réalisateur qui pense être dans le vent ( oui, dans le vent est une expression vieille qui caractérise bien ce film, tourné avec des mocassins aux pieds).
La seule bonne nouvelle restera sans doute le retour d'Isabelle Adjani, dont le nouveau lifting nous vaut le droit de la voir presque pas cachée derrière des cheveux fous et ni enveloppée dans de grands manteaux larges. Mais est-ce une raison pour aller voir le film? J'en doute...
http://sansconnivence.blogspot.com/

pilyen
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le 20 août 2018

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