Comme tout marin qui se respecte, le capitaine Jonathan Clark (Gregory Peck) est flambeur, buveur et amateur de femmes. Faisant escale à San Francisco de retour d'une session de chasse au phoque dans les îles Pribilov, au large de l'Alaska, il fait la rencontre de la comtesse russe Marina Selanova (Ann Blyth), dont il tombe amoureux sans connaître sa véritable identité. Celle-ci, se faisant passer auprès de lui pour une femme de chambre, fuit le prince Semyon, à qui elle est promise par le tsar lui-même et auquel elle a déjà échappé devant l'autel à Saint-Pétersbourg. Elle cherche à rejoindre Sitka, en Alaska, où son oncle, le gouverneur de l'Amérique russe, pourra la protéger. Un premier accord avec le Portugais (Anthony Quinn), un marin rival de Clark peu embarrassé de scrupules, n'ayant pas été honoré, la jolie noble entreprend alors de séduire "l'homme de Boston", tel qu'on surnomme le capitaine du Pilgrim. Mais bien vite, bercés par l'ensorcelante douceur de Frisco by night, ils tombent profondément amoureux...


Le jour du mariage, Clark apprend que sa promise n'est autre que le comtesse, et qu'elle vient de surcroît d'être enlevée par Semyon. Il part donc à sa poursuite à bord de sa goélette et fait la course au Portugais, parti avec quelques jours d'avance. Arrivé aux îles Pribiloff avant son adversaire, "l'homme de Boston" en profite pour chasser le phoque et charger son navire des précieuses peaux, mais au moment de partir vers Sitka il est intercepté par Semyon, venu à bord d'une puissante canonnière à vapeur, et arrêté.


Emprisonné et menacé d'être pendu, il n'est sauvé que par la comtesse, qui accepte d'épouser le prince en échange de la vie sauve pour son promis et l'équipage du Pilgrim. Le navire reprend la mer en direction des États-Unis, mais dans un élan chevaleresque Clark fait demi-tour et revient à Sitka pour tenter de sauver sa belle. Ce qu'il parvient à faire, naturellement !


Sorti dans les salles obscures en 1952, Le monde lui appartient est l'archétype du film d'aventure hollywoodien de l'époque. Une belle princesse en danger, un homme prêt à tout pour la sauver, un alter ego mi-adversaire, mi-compagnon, et un méchant vraiment méchant : tel est la recette tirée du roman éponyme de Rex Beach (The World in his Arms, 1946), adapté pour l'écran par le réputé Borden Chase et réalisé par le grand Raoul Walsh.


Un film très plaisant à regarder, qui alterne intelligemment scènes à terre (toute la longue introduction à San Francisco et la fin à Sitka), navigation en haute mer (la poursuite entre les navires de Clark et du Portugais) et pause quasi-documentaire sur la chasse au phoque dans les îles Pribiloff - agrémentée d'un inattendu discours sur les conséquences néfastes de la surchasse. Dans les salons de l'hôtel ou les rues de San Francisco, les costumes chatoyants sont magnifiés par un TechniColor resplendissant, tandis que la régate entre le Pilgrim et la Santa Isabel offre une scène d'action maritime remarquablement filmée et prenante. Seul le passage de la chasse au phoque, où la superposition des acteurs en studio sur les paysages de plages bondées de phoques, pique un peu les yeux.


Pour le reste, le spectacle est vraiment plaisant, bien assuré par des vedettes à l'aise dans des rôles taillés sur mesure, et aussi par de très bons seconds rôles, notamment celui du second du capitaine Clark interprété avec justesse par John McIntire. La belle histoire d'amour entre Gregory Peck et Ann Blyth sonne juste et se conclut comme il se doit sur un happy end mérité. Il est amusant enfin de noter que dans un film se déroulant un siècle avant la Guerre froide, les méchants sont déjà les Russes, et de voir leurs valeurs et leur mode de vie aussi peu subtilement méprisés par les bons héros yankees...

The Maz

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5

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