On va déjà tous essayer de s'en remettre on tentera de vivre plus tard.
Ça fait tellement longtemps qu'on sait que Le Vent Se Lève sera la dernière réalisation de Miyazaki qu'il m'a été très difficile de regarder le film de manière un tant soit peu objective. Le marketing du film étant essentiellement construit autour de cet événement, j'étais presque sous pression, tentant de ne rien manquer de cet ultime film et d'analyser ce que je voyais en cours de route.
Ce qui frappe tout d'abord, c'est l'absence (ou presque) de surnaturel et de magie dont Miyazaki nous a habitué, de Totoro à Chihiro. Pas de château volant, pas de poisson humain, pour ce dernier ouvrage il a choisi de filmer la vie d'un homme pas si ordinaire mais résolument humain, passionné d'aviation (comme l'auteur) qui va dédier sa vie à sa passion un peu au détriment du reste (un peu comme l'auteur). Ce mélodrame de deux heures n'est donc pas qu'un simple biopic romancé, mais clairement un miroir déformant du regard que porte Miyazaki à sa propre carrière.
Visuellement, le film ne déçoit évidemment pas une seconde. La précision de l'animation qui personnalise aux éléments, l'air qui donne vie à une nature bouleversante et aux rêves en opposition au feu qui gronde (littéralement) et détruit, subjugue. La maîtrise de Miyazaki est si forte qu'on sent vite que plus encore que pour ses autres films, il a choisi d'imposer son propre rythme pour raconter ce personnage ambigu. L'histoire prend son temps, sans flamboyance narrative, et c'est sans doute ce qui déroutera le plus : l'industrialisation, le militarisme, l'espoir et l'amour sont tous au cœur d'un récit ambitieux et sombre, un récit qui parvient à canaliser sa densité de par son rythme.
"Le vent se lève, il faut essayer de vivre". On va déjà tous essayer de s'en remettre on en parlera mieux plus tard.
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