L’ultime chef-d’œuvre de Miyazaki, venu se poser avec la légèreté d’une plume dans l’âme du spectateur.
Loin des débauches féériques du Voyage de Chihiro, de l’innocence magique de Ponyo ou des aventures palpitantes de la princesse Mononoke, Le Vent se Lève est avant tout une merveille de poésie. Le rêve et la lucidité s’y lient dans une fresque faite de prairies estivales, de trains lancés à toute allure et de vols infinis. Eblouissant aux larmes, il ne cherche pourtant pas à les tirer, et c’est avec son habituel naturel désarmant que Miyazaki insuffle à son public l’essence même des personnages.
Les personnages, justement. Présentés ici dans leur plus belle humanité ; du plus humble au plus fier et du plus cynique au plus rêveur, ils semblent s’intégrer au monde d’alizés que Ghibli a fait naître avec la plus grande facilité. Il était difficile, à mon sens, de marier aussi bien les noirceurs de la vérité à cette poésie omniprésente dans le cœur de chacun – c’est là que les personnages jouent ce rôle charnière, entre les démons de la guerre et la majesté des cieux. Un pied sur terre, l’autre dans les étoiles.
Le mouvement incessant que suivent les nuages (parfois tout droit sortis d’un tableau de Turner), que suivent Jiro et Honjo, leurs trains, leurs vols d’essai, que suit Nahoko et qui se glisse dans chaque scène du film – parfois avec douceur, quand ils font voler l’avion de papier, parfois avec violence lors du tremblement de terre – ce mouvement est la clef du film. Achever sa filmographie de la sorte était un coup de maître de la part de Miyazaki, qui signe un chef-d’œuvre unique où l’on perçoit que le mouvement, lui, ne s’achèvera jamais.
Un nouveau souffle pour tirer sa révérence, un parfum d’espoir, comme toujours, et ce dans un tourbillon de couleurs à l'esthétique parfaite. Une œuvre d’une puissance humble.