Et le grand maître Nippon secoua le monde pour la dernière fois. A 73 ans, Hayao Mizaki, connu de tous les amateurs d’animation aussi bien que de cinéma, nous fait son cadeau d’adieu. Se retirant non pas du monde de l’animation mais du grand écran, Miyazaki livre un dernier conte issu de son imaginaire bien à lui.
Pour les éternels dormeurs du fond, Hayao Miyazaki est un réalisateur de films d’animations japonais, né en 1941, faisant ses pas au cinéma en 1968 avec Horus, Prince Du Soleil, fait en collaboration avec Yasuo Otsuka et Isao Takahata. Depuis lors, Miyazaki n’a cessé de faire frissonner ses spectateurs de par son univers nourrit des conséquences de la Seconde Guerre Mondiale. Poésie, lyrisme et innocence sont les maîtres-mots de ses créations, véritable tornades de sentiments et de rivages apaisants. Se référant toujours à son passé et sa vision du Japon d’avant et d’après-guerre, la culture et les traditions japonaises sont au cœur de son œuvre. N’étant pas familier avec l’entièreté de ses films, je ne peux m’avancer davantage ni prendre des cas à part pour en étayer les nombreuses qualités.
Le Vent Se Lève est le dernier film d’animation de Miyazaki selon lui-même. C’est l’histoire de l’invention du « Zéro », le fameux chasseur japonais, qui fit ses preuves pendant la Grande Guerre mais plus précisément l’histoire véridique de son inventeur, Jiro Horikoshi. Jiro a des problèmes de vue et veut néanmoins réaliser son rêve : travailler dans l’aéronautique. Dans un songe, il rencontre l’ingénieur italien Caproni qui le libère de tous les doutes et l’encourage à suivre son désir brûlant. De retour dans la réalité, Jiro est persuadé qu’il peut réussir. Il finit par rentrer à l’université de Tokyo pour y apprendre l’ingénierie aéronautique. Après ses études, il se fait embaucher par la société Mitsubishi et s’impose rapidement comme un génie dans son domaine.
A cette occasion, Miyazaki évoque des évènements ayant secoués le Japon à cette époque, notamment le grand séisme qui frappa Tokyo en 1923. Il fait inévitablement mention du contexte économique, politique, financier et technologique du Japon de son temps, période à laquelle le pays souffre d’un retard conséquent face à ses concurrents européens en matière d’armement militaire, d’organisation industrielle et de techniques agraires. Le pays du Soleil levant est vacillant et son avenir incertain. L’ambition croissante de la nation germanique contraint les japonais à parfaire leurs relations avec elle, les ingénieurs nippons sont envoyés en Allemagne en tant que main d’œuvre et émissaires. Certaines langues reprocheraient à Miyazaki l’approche un peu trop caractérielle vis-à-vis de la gloire du colonialisme japonais et des valeurs nippones mais ce serait sans compter l’aspect très doux et candide du ton des aventures de Jiro, être humain parmi tant d’autres tentant de donner un sens à sa vie sentimentale et professionnelle. Nous voguons avec plaisir dans l’instantanéité de la vie de Jiro, découvrant la vie, ses promesses et ses facéties en même temps que lui.
L’aspect très fluide de l’animation permet un rapport unique au vent et au sentiment de liberté qui nous envahit lors des scènes d’essais des avions de Mitsubishi, de la seconde rencontre avec Nahako ou encore des rêves de Jiro. Les films de Myazaki se différencient en ça de l’anime basique, son coup de crayon formant une symphonie séduisante de simplicité.