Qu’il est agréable de suivre des yeux ses rêves planer dans la voûte céleste, et se sentir emporter par un vent doux et léger, au point que des notions comme le réel ou la vie disparaissent complètement derrière des nuages majestueux ! On reste là, à contempler le ciel, à toujours vouloir prendre plus de hauteur, que la terre parait comme un insignifiant point dans l’espace, sombre et informe.
Seulement, le rêve est toujours suivi du réveil, tout comme la nuit suivie par le jour. Il faudra à un moment ouvrir les yeux et les baisser pour voir où mettre les pieds. Certains trouveront qu’ils n’ont pas vraiment avancé ; contents de leurs rêves, ils ont négligé leur vie, obnubilés par la verticalité, ils ont oublié l’horizon. Ils se retrouvent comme un cerf-volant dont la corde qui les lie à la terre est cassée.
D’un autre coté il existe ceux qui rêvent pour les autres, ceux qui ne se contentent pas de fermer les yeux, mais tentent de projeter leur monde dans le Monde. Mais cela comporte un risque. Quand le rêve pénètre la sphère du réel il est possible qui soit confisqué au rêveur. Ce qui est par nature ailée se trouve brusquement lourd et ne peut avancer que blotti contre la terre. Contaminé, tel un nuage qui s’amatis, le rêve devient sombre et opaque jusqu'à se durcir complètement sous une forme monstrueuse souvent sous les yeux impuissants du rêveur...