Après avoir loupé le wagon qui l'aurait conduit vers la nouvelle adaptation du "Massacres dans le train fantôme" de Tobe Hooper ; après avoir raté le rendez-vous du remake du"Hellraiser" de Clive Barker ; après s'être vu souffler la suite du "Halloween" de Rob Zombie par le métalleux aux cheveux longs himself décidé finalement à rempiler et après avoir refusé pour un différend scénaristique la relecture du "Nightmare on Elm street" de Wes Craven, le duo frenchy Alexandre Bustillo et Julien Maury se voit enfin confier un gros dossier. En effet, les deux hommes se retrouvent aux commandes (façon de parler!) du "Leatherface" (2017) sous l'égide de Millenium films. Pour leur première réalisation US, les bonhommes doivent aller gratter aux origines du mythe créé par Hooper et Henkel. Avec un solide C.V : "Livide", "Aux yeux des vivants" et surtout "A l'intérieur", le gorissime et viscéral home invasion qui nous avait donné la nausée il y a de cela déjà 10 ans, nos deux gaillards sont parés à l'excercice du film d'horreur. Par contre, ils sont moins bien préparés à affronter les exécutifs des studios et les contraintes des productions américaines et le résultat final s'en ressentira. D'une durée initiale de 2h00, le film se voit racourci d'une demi-heure et le rythme général de l'oeuvre va en pâtir. En à peine 90', les réalisateurs vont devoir expédier une histoire qui aurait mérité que l'on prenne son temps. Malgré cela la french team nous emballe un prologue aux petits oignons prenant corps au Texas en 1955. Un repas de famille, celui de la famille Sawyer bat son plein en l'honneur de Jedahia, le petit dernier fêtant son anniversaire (le repas familial, la pierre angulaire de la franchise). On est pourtant surpris de l'ambiance détendue, mais chassé le naturel, il revient au galop. L'insistance quasi psychotique de la tante Verna (lili Taylor, géniale en matriarche) pour que Jed essaye son nouveau jouet (tranchant) et un astucieux travelling, viendront nous rappeler où nous sommes. Malheureusement, le reste du long-métrage n'arrivera pas au niveau de la fulgurence des quinze premières minutes. Le film est pavé de bonnes intentions flinguées dès lors que les enfants Sawyer sont envoyés dans une institution psychatrique pour bien évidemment s'en échapper 10 ans plus tard, (syndrôme Michael Myers oblige !). La déception vient surtout de la façon dont l'histoire traite les caractères des personnages principaux. On est censé se trouver face au mal incarné en la personne du futur Leatherface. Les scénaristes tentent de nous embrouiller car les identités des adolescents ont changé lors de leur internement. Du coup, on a peine à cibler l'individu entre un géant obése et mutique et un névrosé s'amourachant d'une infirmière mais l'on devine vite le pot aux roses. Le pire dans le récit, c'est que les Sawyer se font voler la vedette par un couple de Bonnie & Clyde complétement azimuté, évadé lui aussi de l'asile. Les amants sanglants sèment mort et désolation sur leur passage (ils mériteraient à eux seuls leur propre film), ainsi on est un peu hors sujet. S'en suit une traque policière sans grand intêret, citons tout de même l'excellent Stephen Dorf en policier vengeur. Rien de bien nouveau sous le soleil texan. Bustillo/maury nous gratifient de quelques scénes gores mais le spectacle semble bridé. On reste sur notre faim. La faute incombe certainement à un montage final charcuté et emputé (le comble pour une franchise qui fait du charcutage et de l'emputation sa marque de fabrique). Mais la faute incombe aussi et surtout au manque de profondeur et de charisme du personnage principal censé incarner l'histoire en devenir ! En bref, une expérience américaine peu convaincante qui n'enlève rien au talent et à la rigueur de nos deux compatriotes.