L'appel d'Hollywood est toujours tentant quand on est réalisateur français. Beaucoup s'y sont cassés les dents face à une méthode de fabrication très différente où producteurs exécutifs sont décisionnaires du film, n'hésitant pas à rendre la vie dure aux metteurs en scène, allant même jusqu'à charcuter les œuvres sur la table de montage pour "réparer les dégâts" (chose qui arrive d'ailleurs tout aussi bien à des réalisateurs locaux).
Évincés de Halloween II, partis bredouille sur le remake de Hellraiser, refusant Vendredi 13 et Les Griffes de la Nuit, le chant des sirènes aura pourtant eu Maury et Bustillo, quémandé par Hollywood depuis leur viscéral À l'intérieur il y a déjà dix ans.
Peut-être plus naïfs que leurs compatriotes, ils s'engagent sur un nouveau Massacre à la Tronçonneuse, prétextant que ce nouvel opus n'a rien à voir puisqu'il est le prequel du film original de Tobe Hooper. Ainsi, après le remake, le prequel du remake et la suite de la suite de l'original (vous suivez ?), voici comment Leatherface est VRAIMENT devenu Leatherface. Tourné comme un road movie sanglant où l'on suit quatre évadés psychotiques et leur infirmière d'otage, ce huitième film n'est hélas ni viscéral, ni visuellement mémorable et scénaristiquement décevant.
Car si l'on veut raconter (encore) comment est devenu cinglé le tueur à la tronçonneuse, autant le faire correctement. Construite comme un jeu de rôles où l'on découvrira à la fin qui des trois évadés mâles est Leatherface, la révélation s'avère être tout bonnement ratée, ne faisant pas du tout ne serait-ce qu'hommage au film original tout en s'éloignant clairement de la saga. Une prise de risque audacieuse pour les deux Frenchies mais qui manque cruellement de panache dans cette époque de suites/prequels canon/non canon sincèrement fatigante.