Hardy, le dédoublé

Lorsque des jumeaux que tout oppose s'unissent pour régner sur Londres, forcément, ça fait des étincelles. Legend, raconte le parcours atypique des frères Kray, des gangsters british dans les années 50/60.

Si vous vous attendiez à voir un film de gangster un peu old-school, Legend répondra à vos attentes. Par moments. En effet, si l'aspect un peu brigand des jumeaux Kray est mis en avant au début du film, il cède vite sa place à un espèce de mélo impliquant la fratrie Hardy et Frances (Emily Browning), la chère et tendre d'un des deux frangins. Lorsque celle-ci va tenter de sortir son mari de ses affaires un peu douteuses, la confrontation entre Hardy et Hardy-bis semble inévitable.

Même si Legend a été présenté comme un film de truands (la faute à une publicité mettant en valeurs les quelques passages rappelant l’aspiration des Kray à dominer la pègre londonienne), le film n'a pas vraiment pour but, que ce soit au niveau de l'écriture ou de la réalisation, de nous plonger dans une atmosphère sombre et lugubre pleines de bandits s'attelant à de sales affaires. La construction narrative est à l'image des deux frères, à savoir que le film alterne plusieurs rythmes et plusieurs registres, comme pour nous montrer les deux côtés de la pièce, en essayant de traiter les deux personnalités de manière égale. Le résultat est assez inégal, ponctué de quelques longueurs et de certains passages qui ne présentent pas grand intérêt, que ce soit pour l'histoire ou pour la forme.

Tout de même, le film arrive à poser une atmosphère qui lui est propre, et respecte une certaine cohérence vis à vis de la construction de son univers. Une bande son un peu jazzy qui se marie bien avec le Londres des années 50/60, et une palette de couleur qui colle parfaitement aux rythmes et à l'action. Le tout est assez vif, sans nuances, comme pour mettre en relief les différences entre les deux jumeaux, qui se ressemblent tant de l'extérieur, mais sont fondamentalement différents.

La force de Legend réside surtout dans la double interprétation de Tom Hardy (bluffant). Les jumeaux sont parfaitement identifiables, possèdent des caractéristiques propres qui montrent qu'Hardy possède une très large palette de jeu.

On nous signe un beau film sur les liens du sang et toutes les limites que celles-ci nous imposent dans nos choix. Une espèce de fatalité contre laquelle semble lutter l'un des deux protagoniste principal, qui finit toujours par revenir vers son frère malgré ses écarts. Legend reste un film correct, et mérite le coup d'oeil, surtout pour le jeu de son (ses ?) comédien de tête.