Une autre histoire, s'en est certainement une, mais pas celle de la réalité. Sur le fond, si les principales phases du processus révolutionnaire sont à peu près respectées, sur fond d'images d'archives ou de reconstitutions (souvent à partir d'Octobre, le film d'Eisenstein), de nombreuses erreurs factuelles sont présentes, à côté de mensonges par omissions, dont en voici quelques uns :



  • Cette affirmation que le "Dimanche rouge" de Saint-Pétersbourg (où étaient apparus les premiers conseils d'ouvrier, les soviets), intervenu le 22 janvier 1905, a été provoqué par la défaite militaire de l'empire tsariste devant le Japon, intervenue, elle, 6 mois plus tard en aout/septembre 1905...

  • Il est cité dans le film qu'en juin 1917, "les bolcheviques n'avaient que 105 délégués sur 777. Lénine était entouré d'une foule hostile qui le regardait comme une bête sauvage". Ce chiffre minoritaire est ensuite utilisé pour démontrer que la révolution d'Octobre était un coup d'état, un putsch réalisé par une minorité. Le cinéaste omet volontairement d'informer le téléspectateur sur le renversement de majorité (dans toute la Russie) et les chiffres du congrès d'Octobre, où les bolcheviques représentaient 75% des délégués des soviets, du fait de la désillusion des ouvriers paysans et soldats quant aux partis mencheviques (voulant littéralement dire "minoritaire" en russe) et Socialistes-Révolutionnaire. Il ne s'agit donc pas d'un coup d'état, mais d'un vote d'élus majoritaires, répondant au mandat donné par ses électeurs souhaitant arrêter la guerre et stopper la famine.

  • La voix off assène "Que les bolcheviques aient touché de l'argent des Allemands, c'est une certitude", sans s'appuyer sur aucune preuve. Kerenski lui-même (ennemi politique de Lénine ayant tenté d'écraser la révolution d'Octobre) a reconnu en novembre 1957, dans la revue de Boris Souvarine : "Je suis obligé de dire que Lénine n'était pas un agent allemand..." Le cinéaste doit penser qu'il suffit d'asséner un mensonge comme s'il s'agissait d'une évidence pour que celui-ci devienne une vérité.


Le choix des mots n'est pas non plus laissé au hasard : il est évoqué que "Si Petrograd est tombée facilement, il faut 3 semaines de combats de rue pour faire plier Moscou.". Premièrement, Moscou était elle aussi majoritairement bolchevique ; deuxièmement, Petrograd n'est pas plus tombée que Paris lors de la prise de la Bastille.
Ce documentaire est, à mes yeux, volontairement orienté, en plus d'être mal renseigné.

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le 4 oct. 2017

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