J'ai vu ce film alors que les 37° extérieur avaient pris d'assaut mon appartement. C'est certainement la faute du soleil, de la chaleur et au manque d'oxygène que je dois cette impression mitigée.


Mais qu'il soit tout de suite établi que les 6 points viennent directement féliciter l'interprétation d'Emmanuelle Riva, de Jean-Paul Belmondo et la réalisation inspirée et brillante de Jean-Pierre Melville. Quelle belle réalisation ! Tout y est : montage ajusté (pas un millième de seconde en trop ou en moins), une lumière divinement domptée, des cadrages et des séquences tirées au cordeau, des dialogues sauvés de l'ennui par la direction d'acteur !


Mais que voulez-vous, et en toute objectivité la chaleur n'y est pour rien, mais l'histoire de ce "Léon Morin, Prêtre" (tirée du livre de Beatrix Beck) ne passe pas. Livre quelconque, écriture sans style, situations mal amenées et thèmes de "bonnes femmes" étirés par le creux : j'avais très peu goûté cette lecture. Prix Goncourt ou pas, ce roman aurait sombré dans l'oubli qu'il mérite si Melville n'avait croisé son chemin.


Quelle idée géniale de confier un telle bouillie à Melville. Il procède à une réécriture visuelle et narrative complète. Il donne de l'étoffe aux sentiments à peine éfleuré par l'auteur et ajoute la grâce de son regard à des lieux et des personnages désincarnés. A écouter Belmondo et Riva tailler le bout de gras question scolastique et chemin de "grâaaacce", j'ai commencé à trouver un certain charme aux soutanes. J'étais toute prête à faire mon chemin de contrition, c'est dire !


Mais heureusement que la chaleur était là pour me rappeler ce qu'il y a de contre nature à adopter une doctrine qui vous oblige à vous couvrir de 36 couches de cotonnade épaisses et noires quand le soleil tanne la tête de tout un chacun et y fait brûler la chaleur, le désir et la transpiration avec un égalité toute bolchévique.


Une soutane, une kipa, une burqa, un voile, une robe de bure, etc, etc ? Choisissez votre tenue avec la liberté qui vous appartient. Quant à moi question vestimentaire, au milieu de mon athéisme, j'opte pour ce que me dicte le thermomètre. Et là, même en pleine nuit, le ciel est encore à la fournaise.


Une fois n'est pas coutume : le film est, de loin, meilleur que le livre. Sans vouloir faire le procès de Beatrix Beck, Melville a transcendé le livre et lui a fait prendre profondeur et relief... ou presque !

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le 25 juil. 2016

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