La mauvaise victime

Internet change notre manière d´appréhender un film. Avant sa mise en chantier, le réalisateur poste des messages Tweeter, Instagram, Facebook, pour nous donner des éléments de l´histoire. Pendant le tournage, les acteurs envoient régulièrement des « selphy » avec les décors et les costumes des personnages. Et après sa sortie, les détractions sont parfois si virulentes que lors du visionnage, on ne s´apprête pas à voir un film sur lequel on va former son propre avis, mais plutôt à faire une mise en parallèle avec ce que l´on a lu et entendu à son sujet.

Après cette mise en parallèle, il s´avère que " Fantastic 4" ne mérite pas l´animosité dont il a fait l´objet. Alors que « Batman v. Superman » souffrait de sa trop grande quantité d´informations, lui patit, à l´inverse, de son manque d´éléments.

La première heure n´est pas désagréable du tout. D´abord, elle a un côté « spielbergien » assumé et prend son temps dans l´installation de l´histoire et des personnages. Ensuite, l´idée de faire récupérer les quatre protagonistes par l´armée est intéressante. Enfin, elle aborde la découverte des pouvoirs de manière plutôt sombre en insistant sur la souffrance des corps.

Il est évident que le film a subi de nombreuses coupures. Mais quel gros blockbuster peut ne pas en dire autant ? Les désaccords et les tensions entre un réalisateur désireux de faire un bon film et les studios concernés uniquement par le profit constituent l´ADN de ce genre de projet. Et si « Fantastic 4 » suscite plus de réactions négatives qu´un autre film de cette ampleur, c´est parce que ses coupures sont encore plus flagrantes que d´habitude. Le film n´est clairement qu´un aperçu de ce qu´il aurait pu être. Mais au moins, entre deux coupures drastiques, il offre quelque chose. « Thor 2 », « Terminator Genisys » (commis par le même insipide Alan Taylor…) sont mauvais de bout en bout et n´offrent même pas une image, un plan, un mouvement de caméra qui pourrait, ne serait-ce qu´un tout petit peu, rattraper l´ensemble. « Independence Day Resurgence », « X-men Origin : Wolverine », les premiers « 4 fantastiques », « Ghost rider », « The amazing Spider-man 2 », voilà des grosses productions dont aucune qualité ne se dégage et qui ne suscitent aucun plaisir au spectateur, pas même celui d´imaginer à quoi elles auraient pu ressembler si leur processus créatif avait été différent.