Bon, je vais, une fois n'est pas coutume, citer Durendal, avec qui je ne suis que très, très rarement d'accord, mais qui a le mérite d'avoir toujours un avis, sinon documenté, au moins tranché, personnel, et éclairé par ses études de ciné.
"On ne se moque pas des handicapés". Car Fantastic Four est clairement un film handicapé par la violence de sa production, le départ littéral du réalisateur en milieu de tournage (pour revenir quelques semaines plus tard), noyauté par une Evil Corporation à chaque étape du projet, et visiblement ayant subit des coupes qui tiennent de l'amputation pure et simple.
Bref, Durendal touche juste sur ce coup, et s'il est un peu cliché de considérer le travail du réal comme bon, et toutes les mauvaises scènes comme l'oeuvre des Yes Men de la Evil Corp Production, ici, ça semble quand même être vraiment le cas.
Ceux qui s'offusquent d'avoir un Johnny Storm noir n'ont semble-t-il rien compris à l'essence de l'univers Marvel post Avengers, qui s'inspire très clairement de la mouvance Ultimates, sorte de reboot général des univers Marvel qui a commencé par un dantesque Ultimates tout court, creuset duquel l'inspiration et les meilleures scènes du film de Whedon se sont échappées.
Et il suffit d'aller simplement comparer l'âge de Red Richard de la série principale, des Ultimates FF et du film pour capter d'où vient l'inspiration.
Donc bâcher le choix d'un Johnny Storm noir revient à faire preuve d'un intégrisme qui n'a pas sa place dans l'univers Marvel cinéma, point barre.
Il en est autrement pour le charsime d'huitre pas fraiche de Red Richard, mais bon, la tête à claque a fonctionné dans les Spiderman de Sam Raimi, donc peut-on en vouloir à la production d'avoir tenté le coup avec Red ? (oui, on peut)
Pour ce qui est du film, le résultat est d'autant plus douloureux quand on imagine (sans trop de peine) ce que le film aurait pu être sans friction entre studio et réal.
Une saga épique qui aurait pu tutoyer les bonnes productions Marvel des dernières années.
La scène d'exposition façon ET, la formation des personnages, la rencontre avec Victor Von Doom, l'évolution des relations au sein du groupe, peu de choses à jeter dans tout ça, beaucoup de bonnes idées, certaines excellentes.
On a le MEGA cliché des méchants corportate bitches prêts à tout pour refaire une course à l'armement, et quelques autres fautes de goût, mais ça passe.
Mais une fois cette première HEURE d'exposition, laissant espérer un film au moins du double de durée, comme c'est la nouvelle norme dans ces productions superheroiques contemporaines, voilà que tout part en loukoum, ou presque.
SPOILERS A FOISON, soyez prévenus!
La visite réelle de la dimension N propose un beau suspense compensé par un manque d'epicness cruel, flirtant entre Explorers et Planète Interdite sans réussir à dramatiser ses enjeux. On assiste de façon factuelle au déroulement de ce qui devrait être un drame nouant les tripes.
Le retour est assez finement géré, notamment dans les découvertes respectives des pouvoirs (La Torche m'a quand même fait penser à l'excellent dessin animé The Venture Brothers où l'on a une version des 4 fantastiques poussée au ridicule avec la Femme Invisible qui ne peut rendre invisible que sa peau, un Red Richard complètement control freak et mégalo, une chose devenue simplète, et un Torche qui hurle de douleur dès qu'il prend feu, et s'évanouit^^). Et contrairement à la scène de la dimension N, ici, les enjeux humains et dramatiques sont palpables.
Mais l'impression de patchwork ne quittera pas le spectateur, qui aura droit à une seconde expédition vite branlée, un Fatalis Ex Machina, une impression de petitesse dans le monde parallèle, pour déboucher sur une scène très violente particulièrement bien inspirée évoquant certains moments d'Akira, et l'intro d'Elfen Lied.
Et hop, Victor se barre, et décide de tout péter, les FF tentent de sauver le monde dans un combat pas très crédible quand on voit que Fatalis tient plus du Beyonder que du Latverien en armure des comics.
D'ailleurs le combat alterne des scènes de destructions de notre monde qui là encore font écho à Akira, et sont autrement plus réussie.
Et emballé c'est pesé, les grands méchants corporatistes se font retourner comme des crèpes par Le Pouvoir de Dire Non (le papa Storm a dû oublier que c'était possible au moment du premier clash), et récupèrent un labo de la taille d'une montagne, littéralement.
FIN SPOILERS
Du coup, qu'en penser ? En l'état, le film n'est pas bon et donne l'impression qu'on a piqué du nez à plusieurs reprises durant la dernière demi heure.
Mais tout n'est pas à jeter, et j'ai pris plaisir à le regarder. Et surtout, il aurait pu être tellement mieux!
J'ai lu quelque part causer d'une version longue. A voir.
En tout cas, même en l'état, ça reste quand même le meilleur FF au cinéma, ce que, j'admets, est peu dire, mais c'est déjà ça, non ?