(PAN) E/89
Un coup de feu dans la nuit.
Celui qui tombe à terre n'est autre que Pulp Fiction, un gaillard du haut de ses deux mètres de culture qui me dévisageait d'un regard lointain, comme si l'excellence qui l'avait mené ici, l'avait aussi immunisé à toutes critiques négatives. Je l'ai fumé d'un 3, dans un blizzard d'incrédulité, "C'est ça le classique de Tarantino ?" On pourrait dire que j'ai la gâchette facile, qu'il me fallait obligatoirement une autorisation pour pouvoir faire ça, mais ce dernier tentait de me narguer en m'ennuyant allègrement. Je l'ai fumé, c'était ma première fois, et je n'hésiterais pas à recommencer avec une des autres saloperies de Tarantino.
Les coupables un à un, se sont rassemblés dans un chalet, de peur de mourir dans le blizzard qui s’annonçait, ils attendent le dernier, le "deuxième", tout ce qu'ils reçurent comme réponse fut le fracas du vent glacé, soulevé par une légère détonation qui annonçait le glas de l'un d'entre eux. Le deuxième était mort, j'avais prévu le coup, ils vont tous mourir, et je serai enfin libre.


Bonjour à tous, après les nombreux retours que recevaient ce film (en bien forcément), je me suis donné comme but, un jour, d'en faire une critique. Pourquoi sur ce film en particulier ? Parce que les précédents ne m'ont rien inspiré, comment faire une critique objective quand on n'aime pas un réalisateur, sa fanbase, et les thèmes qu'il aborde ? En plus, à force de regarder ses films, j'ai ressenti à chaque fois la même impression, le dégoût, vais-je pouvoir aimer un de ces films ? Vais-je pouvoir édulcorer la vendetta que j'ai entreprise contre lui ? Les 8 salopards était bien parti.


L'ambiance par exemple, le réalisme historique est juste parfait, on s'y croirait, les déguisements, les lieux, les références historiques ! En même temps, avec un budget pareil, il pouvait pas se rater.
Les acteurs sont tous très bons, on a l'habitude d'en avoir qui proviennent de l'ancien temps pour les rôles dans les Tarantino, tel que Harvey Keitel, David Carradine, Kurt Russell, évidemment c'est normal, ils puisent ses inspirations des vieux films. De prime abord, on peut trouver ça intéressant jusqu'à ce que le film entier est basé sur ça, et au final on se perd dans les bastons qui ne finissent jamais, et on s'ennuie et on...


Empruntant le chemin qui menait directement à la cave, je me suis caché sous la maison, je les entendais se disputer, il fallait que quelqu'un parte pour voir d'où venait le tir, et comme ces derniers ne trouvaient aucun terrain d'entente, ils tirèrent à la courte-paille. Kill Bill 1 dut se résigner à y aller. Je le pris de court cette fois ci, pas le temps d'analyser le film pour savoir s'il est bien ou pas, ma première impression m'a pressé de le finir directement. Je pris ma hache que j'avais trouvé dans la cave, et la lui lança dans le dos en visant bien en dessous de la tête. Il y eut un bruit mat, et un gémissement se fit entendre venu tout droit des limbes de la mort, le corps tomba dans la neige comme une bûche. Son arme allait être précieuse si je voulais en finir avec tous, surtout que c'était une winchester, une de mes armes préférées. Je retournais son corps délicatement avant de plonger sur le côté soudainement, il n'était pas mort, en le retournant, il prit la peine de pointer son arme vers ma direction. La balle frôla mon visage, me faisant une vilaine coupure sur la joue gauche. Les autres furent alertés, Kill Bill 2 sortit avec une autre arme, et courut dans ma direction. Les deux films m'ennuyaient et si ils continuent comme ça, ils vont finir par me tuer, il fallait que j'agisse vite.
Mue par mon instinct de survie, je fis un saut vers la direction du cadavre et j'appuyais de toutes mes forces sur le bras qui tenait l'arme, il n'eut pas le temps de tirer un deuxième coup, l'arme vola de ses mains, j'entendis un crac significatif d'une bonne fracture. Il n'y eut pas d'autres gémissements, le monstre fut vaincu. Kill Bill 2 était déjà sur les lieux du crime, à la vue du cadavre, il prit l'initiative d'agir de suite. Néanmoins, je fis une roulade sur la gauche ce qui le déstabilisa, rempli de rage, il tira dans le cadavre de son ami, maintenant encore plus mort qu'un cimetière. Dans ma lancée, j'empoignai le flingue et visais directement dans sa sale gueule, le coup partit mais j'avais encore de l'entraînement à faire, une partie de son visage partit en lambeaux, l'autre partie était complètement tétanisée, son œil exorbité vint se coller le long de sa joue. Mort et gesticulant comme un pantin désarticulé, on n'entendit plus parler d'une certaine attirance chez Siegfried pour Kill Bill.


Bon parlons de la réalisation, on peut en dire beaucoup de choses, il y a de beaux plans parfois, le rythme de l'image et de l'action marche comme toujours, quand il faut faire une fusillade, il faut reconnaître que Tarantino en jette un peu, je prends comme exemple la meilleure scène du film, la révélation des meurtriers.
Cette scène est juste fantastique, déjà le suspense était à son comble, qui d'entre eux trempe dans le brigandage ? J'ai ressenti une remontée d'adrénaline quand un coup venu de nulle part a détruit les parties génitales de Samuel. La confrontation qui s'ensuivit était ponctuée de ralentis qui offraient une certaine frustration bien orchestrée. (Tim Roth est l'un deux ? Oh non !)
Idem pour la scène où Kurt Russell meurt, une scène qui traînasse assez pour nous instituer une peur froide et un suspense languissant.
Bien sûr, je préfère ça qu'aux scènes du boulevard de la mort qui se veulent expérimentales en filmant sous différents angles un accident de voiture, tout en oubliant qu'un film défilait derrière et qu'il fallait le continuer.


Caché derrière la maison, j'allais rentrer dans la cave quand l'une des saloperies, prit la peine de sortir du chalet dans un grand coup de vent. Le blizzard était inévitable mais ce dernier avait dans l'esprit de rejoindre l'écurie. Je n'allais pas laisser une pareille occasion me filer entre les doigts, les séparer le plus possible me permettait de palier à l'ennui qu'ils exerçaient sur moi et peut être j'allais éviter de mourir d'ennui. Le boulevard de la mort entreprit une course diabolique qu'il ne pouvait pas gagner, la neige lui bloquait les jambes, ralentissant ses pas, un bon moyen de garder une égale distance avec lui. Arrivés à l'écurie, les lumières tamisées nous procuraient un réconfort divin, elles symbolisaient la lumière du phare qui guide les âmes perdues dans l'océan blanc. Le bougre avait déjà préparé les harnais sur le cheval, mais moi j'avais déjà préparé le déroulement de l'opération. Je pris une des lumières messianiques pour lui balancer sous ses pieds, le feu prit immédiatement, brûlant une bonne partie de la paille présente sur le sol, le boulevard était piégé. La suite des événements n'étaient pas préméditée néanmoins elle était la bienvenue. Le cheval prit peur et donna un coup de sabot à l'aide de ses pattes arrières, percutant le boulevard dans le ventre. Le vilain fit un bond démesuré vers un bloc de paille qui retint sa chute, mais il était trop tard, il était évanoui, tandis que les flammes, elles, étaient aussi éveillées que la faucheuse qui emportait un par un, les suppôts du mal.


Si on continue sur le mode de la réalisation, les scènes ont quand même le défaut d'être ultra déséquilibrées, Tarantino ne sait vraiment pas les rythmer. Un coup il fait des conversations qui durent des années, et des fois c'est le tour des batailles de nous ensevelir sous une couche de poussières. Par exemple, la scène où Kurt Russel rencontre pour la première fois Samuel Jackson dure trop longtemps, surtout qu'elle n'est pas coupée par de légères ellipses, non, on voit tout dans les détails, alors qu'on peut facilement abréger la scène, méfiance, explication, confiance biaisée, par de légères phrases et rien de plus. Idem, pour l'autre scène qui suit, celle avec la rencontre de Walton Goggins et la charrette. Évidemment comme par hasard, ce cher Goggins rentre dans la charrette sans trop de problèmes, le problème réside plutôt dans la longue conversation entre Walton et Samuel. Cette conversation n'est pas préjudiciable, elle sert de révélateur pour les passées des deux protagonistes, mais quand je dis révélateur, ce n'est pas pour rire. Il y a vraiment tout le passé de Samuel qui est raconté, alors que quelques conversations dans le chalet auraient tout bonnement pu aplatir cette scène boursouflée.
J'exagère puisque tout le passé de Samuel n'est pas raconté, par exemple, le moment où il révèle au général qu'il a tué son fils, une fois de plus, la scène dure trop longtemps et elle est imagée de manière concrète alors qu'on aurait pu clairement s'en passer, notre imagination peut faire le boulot.


Continuons sur les scènes qui n'ont aucun sens, celle qui présente les vrais brigands et comment ils se sont appropriées l'auberge. Déjà, elle n'a pas lieu d'être, on peut facilement savoir que les brigands ont tué les propriétaires, deuxièmement, elle casse une possibilité de révélation puisque Michael Madsen (on sait pas si il est avec les brigands), est vu dans le Flashback, en train de tuer les anciens occupants, et dernièrement, on sait pertinemment qu'ils vont les tuer mais la scène s'éternise.
Vous voyez, c'est à ce moment là que j'ai été extrêmement déçu, je voulais tellement donner une bonne note mais tout ce que j'ai vu auparavant ne m'a pas incité à le faire, un peu comme avec le film Django Unchained...


Je réfléchissais à ma prochaine victime, Django, et si je le laissais vivant ? Ce dernier n'était pas si mauvais que ça, évidemment, il a fallu qu'il gâche le film tout entier en provoquant une bagarre sans fin, tout en détruisant le personnage de Christoph Waltz, la seule personne logique qui n'aurait pas tiré sur Caprio pour tout l'or du monde, hélas !
Je les entendais se disputer, l'un d'entre eux, Jackie Brown je pense, menaçait Django d'être un traître, et de n'être pas aussi chiant qu'eux. C'est alors que quelqu'un sortit un flingue, m'étant déplacé juste sous la cave, j'entendis clairement le bruit puis la détonation qui suivit. Un cadavre vint soupeser de tout son poids les plinthes de la salle principale. Le sang commençait à goutter entre les interstices, bloquant l'arrivée de lumière et la colorant d'une teinte sanguine. J'entendis alors la voix de Jackie, la monstre, elle a tué le seul qui comptait pour moi. Elle allait voir si les personnages qui meurent aléatoirement comme dans son film, ça lui permettait d'avoir de la popularité. Je me mis juste en dessous d'elle, je pris le fusil de Kill Bill 2, et visais directement sous ses jambes, la détonation fut foudroyante, elle perça le bois, et explosa les jambes dans une explosion de chair, d'os et de sang. Son cadavre vint tomber directement sur le sol craquelé, le détruisant pour de bon, je fus enseveli sous deux cadavres, du bois et une chaise, paré pour devenir le troisième à l'arrivée des deux autres survivants.


Alors je n'ai pas parlé de la musique, signé Ennio Moricone, un petit rappel de l'inspiration première de ce film, The Thing. Même si la référence est sympathique, la musique n'est pas très présente tout du long du film, Ennio est un peu en fin de vie, et elle symbolise très bien sa présence dans le monde des vivants qui s'estompe peu à peu pour ne plus y appartenir. Je suis mauvaise langue, néanmoins, c'est peut être pour ça que j'ai plus aimé ce film que les autres, son inspiration rend le film attirant, la scène où les brigands sont collés au mur, rappelle la scène avec Windows (beurk !). Ensuite, la tension du film qui ne descend jamais est bien similaire à celle qu'on éprouve durant la poursuite de la chose. Surtout que la fin est très bien rythmée, on s'attend à chaque fois, que les brigands vont prendre à revers les deux derniers survivants, Michael Madsen trouve un flingue, bang, mort, Tim essaye de survivre, mort, Jennifer essaye de faire un pacte avec Walton, non (et bim de l'empathie pour Walter et Samuel n'en croit pas ses yeux, bim empathie pour lui aussi), Walton s'effondre, pression sur Samuel, qui risque de mourir, Jennifer part le tuer et finalement, il se relève à temps. Une des meilleures scènes de tension que j'ai pu voir dans ma vie.
Ainsi, le film finit plutôt bien, et j'espère que dans une autre vie, j'ai donné du courage à mon alter ego de ne pas sauter sur l'occasion de signer une fin morbide aux deux derniers survivants...


J'essayais de me dépêtrer de ce poids indésirable pour finir mon boulot, Reservoir Dogs et Inglorious Bastards devait mourir, ils allaient être nuls, je le pressentais. Pourtant, le poids de Jackie, avec son introduction hyper lourde et le caractère soi disant engagé, me coupait le sifflet. Inglorious Bastards apparut au dessus du trou, me regardant comme si je n'étais qu'un tas d'excréments, j'allais lui montrer si j'en étais un, je levais mon fusil toujours en main, pour le pointer sur la gueule de ce nazi, mais la balle lui effleura une partie du visage, ne le tuant pas directement.
Je réussis alors à me glisser hors de ce traquenard jusqu'à ce que je sois attiré par un bruit derrière moi, Reservoir dogs, était juste là à me narguer, son fusil à la main, il tira une fois, la balle vint me perforer l'estomac, moi, les 8 Salopards, j'allais mourir à cause de mes préjugés sur Tarantino, la note descendait alors, 10,9,8, je ne pouvais pas survivre à cette balle, toutefois j'espérais que j'allais pas partir seul, mon corps, bientôt cadavre, avait été propulsé en avant, heureusement j'étais hors de son champ de vision. Il devait descendre pour me finir, et pour ça je l'attendais, appuyé sur le mur, un gros caillot de sang sur le haut de ma bouche et un trou béant au milieu de mon ventre, mais un flingue posé sur le haut du trou, qui laissait percer une lumière divinement diabolique, il attendait lui aussi. 7,6 je pouvais pas mettre au dessus, c'était la fin, j'allais mourir en emportant juste un 6 avec moi.
Sa vanité lui joua des tours, en tant que seul survivant du groupe, il n'allait pas bêtement attendre, il descendit comme une sorte de héros sur les deux cadavres, et se mit en position de tir, sa balle partit tout comme la mienne, j'aurais pu dire que c'est ma balle qui le toucha en premier, mais je n'en suis pas si sûr, il n'en reste plus que deux et j'espère qu'ils sont mourants.
Tout ce que je vis fut...
temps suspendu puis ...
Fond blanc...

Diegressif
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le 26 janv. 2018

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