Les 8 Salopards, vous pourrez facilement trouver plein de personnes pour en dire du bien, pour en dire du mal, de manière précise et argumentée. Cette bafouille ne sera pas argumentée, pour ces mêmes raisons.


Donc,
1 point parce que Tarantino, en mode gangsta, reprend le meilleur film de tous les temps à sa sauce, sans avoir à s'excuser de rendre hommage à Tonton Carpenter.


1 point bonus, parce que du meilleur film de tous les temps, ce coquin de Quentin en a repris quelques-unes de mes plus grandes passions : les huis-clos, les blizzards, les huis-clos dans le blizzard, et Kurt Russell avec un chapeau.


1 point de malus, parce que dans ce film pas de chien xenomorphe patibulaire mais presque (mais voyons Harmony où es ton sens des convenances, balise spoiler s'il te plaît, ou je te traîne à La Haye), et ça c'est quand même une sacrée occasion manquée.


1 point pour la double bonnette à gogo dans le film. Va te coucher De Palma.


1 autre point bonus pour la double bonnette, parce que, bordel de merde, en ultra 70 ça claque le slip de Mamie.


1 point parce que le format de tournage n'est pas juste un gimmick technico-commercial mais apporte une véritable plus-value au film, à la fois sur la forme comme sur le fond. Allez le voir en 70mm, je me fous que vous ayez à revendre votre Playstation, un rein ou votre belle-mère pour cela, mais sans le scintillement de l'argentique, les contrastes profonds et l'entracte pile-poil au bon moment (non vraiment, c'est limite si le film n'a pas du tout le même sens, sans entracte), vous passez à côté de quelque chose de superbe.


1 point de malus parce qu'il y a un chapitre un peu mal gaulé, où en tout cas qui aurait gagné à obtenir un peu plus d'attention.


1 point pour Jennifer Jason Leigh et Walton Goggins.


Moins 1 point parce que tout aussi cool soit Sam Jackson, écrire tout un film pour lui et autour de lui, c'est un peu limite, surtout quand on se traîne un casting aussi pointu que celui ici présent. Ceci dit, le mec est toujours aussi bon, il transpire le cool, et s'amuse comme un gamin.


Moins 1 autre point parce que pas assez de Michael Madsen et de Tim Roth.


1 point bonus, parce que ce filou de Quentin, éternel compilateur en diable, est parti sur une recette détonante pour celui-ci : une bonne louche de The Thing, une pincée de 12 Angry Men, un soupçon d'Agatha Christie, un peu de Renoir, et puisqu'il fallait bien qu'il reprenne un de ses films pour faire bonne figure égocentrique, il s'est décidé à reprendre la structure narrative de son meilleur film tant qu'à faire, alias Jackie Brown.


1 point pour Morricone, utilisé ici de manière tellement peu à propos que ça en devient jouissif (et vas-y que je te fais pour une belle envolée sonore pour la couper nette en plein élan au prochain plan).


1 point parce que le film est long, rythmé bizarrement, étrangement premier degré au premier abord, alors qu'en fait on a rarement vu Tarantino se foutre autant de sa propre tronche.


1 point pour un amour des personnages qui n'avait pas transpiré dans la filmo du bonhomme depuis Jackie Brown (aka son meilleur film, venez même pas me chercher là-dessus). Les mauvaises langue me sortiront Kill Bill mais même là-dedans il y a quelques trucs à jeter. Cherchez pas, Jackie Brown.


1 points bonus, parce que de Tonton Carpenter, QT a gardé l'enseignement le plus important : un film peut être gratuitement violent, tant qu'il n'est pas violemment gratuit (et vice-versa).


1 point enfin, et c'est le plus important, parce qu'au travers de ce film, c'est tout une humilité et une révérence à l'égard d'un certain cinéma de divertissement qui transparaissent. Portée sociale loufoque, plans de poseurs, des acteurs faisant les cons dans une auberge, Jennifer Jason Leigh en mode Sissy Spacek Super Saiyan niveau 5, twists improbables, clins d'œil appuyé au spectateur, paysages à couper le souffle, expérience cinématographique totale, Tarantino paraît ici moins soucieux de s'auto-référencer à tous les étages que de name-dropper à qui mieux-mieux, de Peckinpah à Carpenter, en passant par De Palma, Wyler, Lumet, Miller ou même Leone, n'en jetez plus la coupe est pleine. On pourra toujours trouver à redire sur ce film, n'empêche que ne pas l'expérimenter dans les conditions d'une salle de cinéma c'est se priver d'une partie de son intérêt, et de ce qu'il représente, et je trouve l'approche intéressante personnellement.


Du coup, je vous laisse faire le calcul, mais je pense que l'on n'est pas loin du petit 8/10 là. Tant mieux alors, c'est la note que je lui ai mise.

HarmonySly
8
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le 10 janv. 2016

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HarmonySly

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