C’est un petit malin le Quentin, il annonce dès la bande annonce son film comme étant le 8ème, et le spectateur se retrouve à essayer de retrouver les 7 autres mentalement, histoire de se rassurer sur sa connaissance du bonhomme avant de commencer.
Bon c’est pas loin d’être vrai cette histoire de 8 si on considère que les deux morceaux de ce sacré Bill n’en font qu’un, et si on oublie les collaborations diverses du sieur Tarentino qui pourraient nous induire en erreur.


C’est un peu pareil avec le film: en nous annonçant 8 salopards, Quentin nous oblige à scruter chaque nouvelle rencontre, à vérifier de temps à autre que le compte est bon, à s’étonner quand il ne l’est pas, puis à perdre le fil parce que oui, clairement, c’est pas si facile de compter jusqu’à 8.
Idem pour le propos du film: on croit qu’on va avoir de jolis paysages, et on en a bien avec une très belle scène d’ouverture/fermeture. Mais au delà de cette très belle et blanche entrée en matière, c’est à un huis clos qu’on nous invite (huis pas huit! on n’est pas passé loin d’un beau concours de circonstances sans doute uniquement possible en français donc involontaire).


Il en va de même avec tous les éléments du film: on nous montre une histoire qui se révèle plus diffuse en se déroulant, nous laisse entrevoir de nouvelles pistes jusqu’au final qui nous confirme qu’il ne faut faire confiance à rien et à personne.


A l’image du titre mensonger et des paysages absents, chaque salopards a quelque chose à nous révéler.


Sauf qu’on est chez un réalisateur qui se sent obligé d’en faire toujours plus, et qui n’ose pas s’arrêter trop tôt.
Du coup il traine son film en longueur, nous propose son habituelle patte sanglante, des retournements dont on ne veut plus, et un flash back explicatif un rien trop bavard.


Au final et comme souvent avec Tarentino on a un beau produit, une maitrise de l’outil (je vous fait grâce d’un laïus sur le format utilisé auquel je n’entends rien évidemment), une esthétique et une musicalité toujours recherchées, une histoire qu’on apprécie de voir évoluer, mais un côté surenchère qui vient tout gâcher et lasser le spectateur qui ne serait pas très friand de westerns, de sang et de multi-revirements.

iori
7
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le 29 janv. 2016

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iori

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