C'est à 37 ans et en 1966 que Jacques Brel décida d'arrêter la scène pour se tourner vers d'autres horizons (cinéma, théâtre...) mais il honore ses contrats et décide de faire une dernière tournée qui l'emmènera jusqu'à Roubaix le 16 mai 1967. Entre-temps, il fera ses adieux à l'Olympia en octobre 1966, là où il a déjà connu diverses émotions et sortit ses deux uniques disques captés en public.


Si Jacques Brel était immense en studio, il était aussi un monstre sur scène, ses deux disques enregistrés à l'Olympia en 1961 et 1964 peuvent en témoigner et ici il s'en montre à la hauteur. Il était en grande forme, déjà comme chanteur où les disques Les Bonbons, Ces Gens-Là, Jacques Brel 67 et J'arrive, tous sortis entre 1966 et 1968 sont brillants mais aussi sur scène où il se montre tout simplement magistral et livre une prestation aussi intense que viscérale et magique où il alterne entre différents tons, sachant se faire drôle et bouleversant.


Avec un répertoire aussi riche que le sien, il n'était pas difficile de mettre en place une tracklist remarquable et ici il s'attarde énormément sur ce qu'il a récemment composé, et des chansons qui sortiront sur des albums entre 1966 et 1968, seul Au Suivant, Le Plat Pays, Amsterdam et Madeleine font figure d'exception. Et quelles exceptions ! Elles sont toutes formidablement chantées et jouées, notamment Amsterdam, Ces Gens-là ou Jef qui sont des pics d'émotions et d'intensité, ou au contraire des titres toujours aussi drôles, surtout avec la gestuelle, comme Le Cheval. Enfin, pas besoin de toutes les citer, il n'y a aucune fausse note et le Grand Jacques se montre inspiré, intense, poignant et magique.


L'émotion se situe aussi dans la fin du concert où il ne déroge pas à sa règle de ne pas faire de rappel mais revient remercier le public une dernière fois en peignoir, évoquant 15 ans de bonheur partagé. Aujourd'hui on peut parler de plus d'un demi-siècle de bonheur tant ses chansons continuent de merveilleusement traverser le temps, les époques et les modes. C'est ça aussi la marque des grands chanteurs, dépasser le simple cadre musical et le flamand était de ceux-là. Les bonus nous permettent de retrouver de l'émotion avec Ne Me quitte pas, tandis que ce concert, comme tant d'autres, occasionne le regret de n'avoir jamais pu l'admirer sur scène soi-même.


Le bonheur partagé que Brel évoque en fin de concert continu encore aujourd'hui et, après cette grande, intense et puissante prestation, il est difficile d'oublier le Grand Jacques, ses idées, sa façon de chanter, l'homme et, entre autres, sa sincérité.

Docteur_Jivago
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le 19 févr. 2016

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