mai 2012:

Je ne suis pas un fanatique à proprement parler des films de Benoit Jacquot (j'ai dû en voir 3 ou 4 en tout), mais c'est un cinéaste qui m'intrigue, dont certains films me plaisent beaucoup. "Sade" avait fait naitre quelques troublantes réflexions. Et c'est donc avec une grande curiosité que je suis allé voir ces adieux à la reine, aidé en cela par les louanges de ma femme qui m'a précédé (pas de baby-sitter en ce moment). Force est de constater, mon petit Alli, que tu n'en est pas ressorti aussi content que tu l'espérais.

On retrouve la même toile de fond que dans "Sade", la fin de siècle, les incertitudes de l'avenir, cette foultitude de questions sans réponse, ces vérités qui ne cessent d'être interrogées, voire bouleversées par les évènements politiques de la Révolution. Et c'est vrai que c'est une période propice à la fiction comme à la réflexion, une matrice filmique formidable.

La mise en scène parvient de façon brillante à faire monter la pression, avec une progression très efficace et un talent certain pour exprimer les peurs qui s'immiscent peu à peu au cœur de Versailles.

Malheureusement, l'histoire de ces manipulations affectives conjuguées Kruger/Ledoyen et Kruger/Seydoux ne m'a pas réellement ému. Certes, le parallèle est juste, bien décrit, néanmoins j'ai trouvé cela moins intéressant que la relation Le Besco/Auteuil dans "Sade", beaucoup plus profonde et complexe, agitée.

Sans doute que le fait que la Reine Marie Antoinette soit en quelque sorte le personnage sujet de la plus grande ambiguïté passionnelle marque aussi la limite du scénario, plaçant le singulier et l'ordinaire amoureux dans l'Histoire avec un très grand H. L'historien que je suis un peu s'agace de ce romantisme qui apparait alors un brin factice.

Pourtant ce n'est pas faute d'avoir choisi une très bonne comédienne. J'avoue que je n'avais pas été "bousculé" par Diane Kruger auparavant. Je n'aurais su dire ce qu'elle pouvait bien m'inspirer, une indifférence policée en somme. Or, je la découvre là avec une belle sureté de jeu dans une partition compliquée, presque pathologique, loin d'être évidente à maitriser, elle s'en tire haut la main.

Je suis beaucoup moins touché par les autres comédiennes, que ce soit Virginie Ledoyen, dont le charme et les yeux m'émeuvent souvent et que j'ai trouvé très effacée, sèche (mais le rôle pouvait l'exiger certainement) que Léo Seydoux très enfermée dans des postures, tellement ce regard en dessous, trop continu, finalement ne capte pas autant l'intérêt que son personnage le demandait.

Relative déception donc.
Alligator
5
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le 20 avr. 2013

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Alligator

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