Très stylisé façon Sundance (trop ?), avec jolis cadrages décentrés et utilisation (parfois abusive) des effets de flou et des ralentis, cette comédie dramatique rate sur le terrain du réalisme ce qu'elle réussit sur celui de la fable fantaisiste. Ainsi, sa seconde moitié, centrée autour du coma du personnage de Marie Denarnaud (qui est décidément d'une beauté et d'une sensualité renversantes), verse dans un chantage aux larmes un peu facile et est du coup très loin de l'efficacité sèche et de l'émotion frontale du récent La guerre est déclarée, qui plaçait déjà une grosse partie de son action dans le cadre anxiogène d'un hôpital.
Par contre, dans sa première moitié, le film dépeint joliment les débuts de LA relation amoureuse idéale tendance Arlequin bobo (décors de librairies accueillantes, d'intérieurs cosy avec parquet au sol, de bibliothèques de salon débordantes de livres, enchaînement de saynètes so cute où le couple naissant se rencontre, fait l'amour, rit, mange, sort, se dispute, se réconcilie, etc) et exploite parfaitement son chouette casting d'acteurs, des seconds rôles justes jusqu'au gamin trop craquant.
Alors, certes, l'ensemble est inégal, imparfait, surtout au niveau du fond, qui ne raconte finalement pas grand chose d'intéressant et qui le fait souvent à grands coups de clichés. Mais la forme témoigne d'un vrai regard de réalisatrice, aussi emprunté soit-il, et une jolie émotion - un rire, une larme - surgit parfois au détour d'une scène efficace.
Une réussite mineure et un peu poseuse, un objet un peu creux et un peu trop "stylé" peut-être, mais tellement loin des catastrophes que peuvent parfois être les premiers films, et tellement loin surtout des méchantes daubes que nous infligent certains réalisateurs confirmés, qu'il serait vraiment de mauvais ton de bouder ce film. Même s'il est signé par une nana qui multiplie les casquettes et que ça fait chier la France qu'elle le fasse et qu'elle le fasse plutôt bien.