Faire pleurer dans les chaumières en présentant le sort de petits orphelins de guerre dans un pays lointain, ce n'est pas vraiment une originalité et j'ai toujours trouvé que c'était d'une facilité indigne d'un grand cinéaste. Douglas Sirk (grand cinéaste) utilise le procédé sans la moindre vergogne, et ça ne donne pas les scènes les plus réussies de son film.

Fort heureusement, Battle Hymn ne repose pas uniquement là-dessus. C'est un film de guerre qui pose également des questions sur la guerre (questions toujours d'actualité, hélas).
A la fin de la Seconde Guerre Mondiale, un aviateur américain, Dean Hess (Rock Hudson) bombarde par erreur (suite à un défaut mécanique de son avion) un orphelinat allemand, tuant 37 enfants. Rongé par le remords et la culpabilité, il se fait pasteur et se lance sans ménagement dans le services aux autres pour tenter de racheter sa faute. Mais en 1950, il est rappelé par l'armée avec le grade de colonel. Sa mission : partir dans une Corée en pleine guerre pour former les aviateurs coréens.
D'abord, les scènes d'actions aériennes sont de grandes réussites. Mais ce qui est très intelligent, c'est que ces combats sont toujours contrebalancés par des drames. Et par les questions morales de Hess.
Un de ses subalternes (et amis) lui dit : "La seule chose qui compte, c'est d'être vainqueur, pas de montrer qu'on est gentil." Et pourtant, c'est bien ça qui taraude le personnage. Son double statut de colonel et pasteur en fait à la fois un combattant pour des territoires et pour des âmes. Et son dilemme pourrait être résumé ainsi : comment concilier guerre et humanisme ?
On entend trop souvent dire qu'on part faire une guerre pour libérer des peuples asservis, délivrer des pays, etc. Sirk rappelle que toute guerre est forcément destruction, et qu'avant d'être "libéré", ce peuple aura à souffrir les horreurs des combats et de ses victimes innocentes.

Sirk et Hudson avaient déjà l'habitude de travailler ensemble, après Le Secret Magnifique, Tout ce que le ciel permet ou Ecrit sur du vent. Le duo fonctionne très bien. Les seconds rôles sont bons. Le travail technique est très efficace (même s'il n'y a pas de génie dans le film, mais c'est du solide, comme Hollywood savait très bien le faire). Le rythme est rapide et on ne s'ennuie pas un seul instant.
Bref, c'est du bon cinéma, un bon film de guerre qui respecte les codes du genre tout en introduisant une réflexion bienvenue. Un film oublié dans la grande filmographie du cinéaste, et à re-découvrir.
SanFelice
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le 21 mars 2013

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SanFelice

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