On ne peut pas pénétrer dans tous les films. Certains demandent un mode d'emploi, la connaissance de codes pour pouvoir y entrer. A moins qu'ils ne soient réservés à une élite, calibrés pour rafler tous les prix de la profession, pas les Amphores d'or de Groland, non, non, le festival de Cannes et tout le gratin des festivals. Et par conséquent la règle du jeu serait d'éloigner au maximum le commun des mortels pour être crédible. Mais je ne crois pas une seconde que Wim Wenders ait couru après une reconnaissance qu'il avait déjà.


Comment donc expliquer que tout semble fait pour décourager le grand public?


Le film est tourné pour l'essentiel en noir et blanc et commence par des bavardages abscons dans une bibliothèque de Berlin.


Wim Wenders fait sortir des anges de son chapeau mais on ne comprend pas bien à quoi ils servent ni ce qui les différencie des autres personnages humains.
Il invente pour eux une syntaxe complexe et qui serait incompréhensible sans la notice IKEA fournie par Wikipedia : les anges ne peuvent pas parler, mais ils peuvent cependant consoler. Ils sont invisibles pour tous à l'exception des enfants. Ils ne voient pas en couleur sauf quand ils sont amoureux....


Wim Wenders greffe une histoire d'amour plaquée là « zwischen Tür und Angel », entre la porte et l'angle qui permet surtout de mettre en valeur la copine du metteur en scène que la caméra nous montre sous toutes les coutures.


Nick Cave en concert, ça permet de se mettre dans la poche les djeuns branchés de l'époque mais quel rapport avec Berlin ?


Wim Wenders montre aussi le mur de Berlin et le no mans land autour, ce qui donnera l'occasion à certains critiques de parler d'un film éminemment politique mais aucun rapport avec les anges du début.


Allons faire un tour au cirque maintenant là où par le biais des acrobates le monde charnel montre sa légèreté et sa sensualité mais où hélas sévit sur la piste le clown blanc Peter Handke, le roi de l'emphase et des dialogues lourds.


Et puis il y a Peter Falk qui se pointe comme ça, à l'improviste comme d'habitude et en improvisant. Il faut comprendre que c'est un ange réincarné. Ah ! Mais bien sûr ! Un ange réincarné ! Suis-je bête, nous sommes peut-être tous des anges réincarnés, je crois que je vais d'ailleurs dire ça à ma femme.


On a donc un film qui vole très haut. Je n'ai d'ailleurs fait cette critique que pour sortir cette vanne à la fin, bien que je ne sois pas sûr que quelqu'un ne l'ait pas déjà faite.


Ah, j'allais oublier, juste une dernière question. Oui, inspecteur Colombo? Pourquoi, Monsieur Wenders, pourquoi vous faites des films si ambitieux mais qui sont si embêtants ? Car il y a pourtant Henri Alekan à la photo et Bruno Ganz comme acteur principal. Vous savez, le prenez pas mal, aussi brillant que vous soyez Monsieur Wenders, il y a quelque chose qui me chiffonne chez vous. Votre film est embêtant mais je ne sais toujours pas pourquoi. Allez je vous laisse Monsieur Wenders.
...


...


Ah, j'allais encore oublier, Monsieur Wenders !. Je suis allé jusqu'au générique de fin pour avoir le fin mot de l'enquête ! J'ai vu que le film était dédicacé à Andréi Tarkovski. Je comprends mieux ! Vous vouliez rendre hommage à Tarkovski sans que personne le sache ! Mais je crois que en fin de compte vous aviez laissé un indice, Monsieur Wenders, c'est dommage pour vous !

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le 21 févr. 2019

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Zolo31

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