C'est l'automne. On me rabâche l'enfant-prodige du Québec comme on racle les feuilles mortes. Honnêtement, je m'y étais déjà lancé malgré toute ma méfiance envers ces individus aux coupes d'ado des années 2000. Je supporte mal les dandys qui me sont contemporains ; leur nombril me paraît rarement plus intéressant que le mien, à la différence que j'ai la décence de ne pas exposer mon anatomie au grand public.
Néanmoins, on nous dit tant de bien de l'auteur que je me devais tout de même d'y jeter un oeil. Apprenant que ce dernier décroche la palme d'or à égalité avec Godard - ce qui accroît mon appréhension : est-ce vraiment possible d'égaler un tel brouillon ? - je m'essaie à "j'ai tué ma mère" ou quelque chose du type et le fameux "Laurence Anyway".
Mitigé sur ce premier, plus enthousiasme sur ce deuxième, le hasard m'a déposé ce troisième film entre les mains.
L'enfant-symbole m'agace toujours autant, moins pour lui-même que pour tout ce qu'il véhicule. Et le sujet, qui m'avait pourtant porté sur un premier tiers de film a finalement réussi à me faire décrocher.
Quand un triangle vous fait tourner en rond, c'est qu'il ne faut plus chercher la réflexion.
La mise en scène nous prends toujours un peu pour des idiots ; donc j'ai décidé de prendre le film comme un film pour adolescents, et dès lors, ça allait déjà mieux. Du coup, j'ai pu profiter de l'esthétique de quelques plans éparpillés vraiment bluffants et la mise en scène soignée et originale. Malgré l'ennui, quelques scènes bien réparties parvenaient à sortir mon intérêt de sa somnolence et de porter au film toute mon attention jusqu'au bout. Je retiens la prestation de Monia Chokri et l'excellente mise en scène de son personnage.
Xavier Dolan reste donc un cas particulier pour moi. Je ne peux m'empêcher d'avoir un certain respects pour ses films alors que ses thématiques m'ennuient et que son personnage m'agace. Mais pourtant, ile film déborde d'efforts et m'oblige à ranger tous mes ressentis de vieux con pour reconnaître un certain talent.